La réserve s'endurcit

«Nos patrouilles doivent redoubler de vigilance, la situation est alarmante. » Mardi 31 octobre, 19 heures. Le centre des opérations de l’état-major tactique de réserve de la 4e brigade aéroterrestre de combat (4e BAC) est sur le pied de guerre. Entre attaques ciblées contre la force et la population, et découverte de caches d’explosifs, les évènements survenus dans la journée animent le point de situation hebdomadaire.

Depuis quelques jours déjà, des terroristes sévissent dans le département, alors que de fortes pluies ont par ailleurs provoqué d’importantes inondations de la rivière Allier. Face à ces crises, l’autorité préfectorale décide d’une réquisition afin de renforcer les forces de sécurité intérieure.

Le scénario de l’exercice Vulcain prévoit deux cadres d’emploi réalistes des armées sur le territoire national (TN), en appui des autres moyens de l’État, dont la réserve : la lutte contre le terrorisme et les catastrophes naturelles.

Du 28 octobre au 2 novembre, près de 300 réservistes ont ainsi assuré une mission de “contrôle de zone” dans les campagnes bourbonnaises. « Vulcain nous entraîne hors de nos casernes et nous endurcit au combat, dans des conditions réelles,explique l’initiateur de l’exercice, le lieutenant-colonel Emmanuel, chef de l’état-major tactique de réserve de la 4e BAC. Du centre de commandement aux groupes sur le terrain,nous consolidons nos acquis et améliorons notre maîtrise des procédures opérationnelles. »

"Donner du sens à notre engagement"

Colis piégé à la gare de Varennes-sur-Allier, accident de voiture, périple meurtrier dans un marché artisanal… Le lendemain, les soldats des 126e et 24e régiment d’infanterie, ainsi que des 1er, 3e et 5e régiments d’hélicoptères de combat rencontrent des cas de figure auxquels ils devront peut-être faire face à l’avenir. L’effort est porté sur le périmètre de leur champ d’action et les règles d’engagement à appliquer en cas d’ouverture de feu.

« Nous sommes des citoyens occupant déjà un emploi dans le secteur civil. Nous servons l’Institution sur notre temps libre. Cet exercice nous rapproche des missions et des conditions dans lesquelles nous serons déployés sur le TN. Cela donne du sens à notre engagement et contribue à nous fidéliser », précise le lieutenant-colonel Emmanuel.

Au-delà de l’aspect opérationnel, Vulcain encourage le dialogue civilo-militaire dans un département où l’armée de Terre est absente aujourd’hui. Une volonté inscrite dans l’ambition de la LPM 2024-2030.

Les compagnies sont réparties dans diverses communes. Elles organisent des patrouilles régulières sur 1500 km2. D’après les renseignements recueillis, le chef de la cellule terroriste a été localisé dans un hameau près de Montoldre. Le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) prévoit une interpellation avec le concours des militaires.

Pour coordonner l’ensemble des moyens, les commandants d’unité et le chef du PSIG sont réunis autour d’une caisse à sable et déroulent les différentes étapes de cette phase complexe et assez inhabituelle.

"Fier de nos réservistes"

Jeudi 2 novembre. 9 h 30. Les deux entités ont réalisé l’action majeure de l’exercice, avec succès. Le PSIG a travaillé ses techniques d’intervention et les compagnies de réserve ont mené des actions de feu, ponctuées de phases de secours au combat.

« En tant que sous-officier adjoint, j’ai travaillé davantage sur le commandement en prenant, par exemple, la tête d’une partie de la section, sur une phase de combat », explique le sergent-chef Lucas, dix ans de service dans la réserve au 126e RI.

Quelques heures plus tard, civils et militaires entonnent La Marseillaise sur la place du monument aux morts de Varennes-sur-Allier. Le discours du commandant de la 4e BAC, le général de brigade Jean-André Casanova clôture l’exercice Vulcain. « Je suis fier de nos réservistes. Ils ont planifié et conduit cette manoeuvre d’une main de maître. La prochaine étape sera probablement un exercice conjoint avec des militaires d’active. »

D’ici là, certains d’entre eux seront mobilisés pour les Jeux olympiques de Paris, à l’été 2024.