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Mathilde Jourde, chercheuse à l’observatoire climat et défense

Texte : Adjudant-chef Anthony Thomas-Trophime

Publié le : 24/07/2025. | Temps de lecture Temps de lecture : 5 minutes

L’armée de Terre opère dans des conditions toujours plus extrêmes, en lien avec le changement climatique. Une réalité qui se répercute sur la nature de ses missions, la santé de ses soldats et sur son organisation. Pour s’adapter, elle s’appuie sur l’observatoire climat et défense. Explications avec la chercheuse Mathilde Jourde.

« Créé en décembre 2016 et basé à Paris, l’Observatoire Défense et Climat (ODC) étudie les enjeux de sécurité et de défense, liés au climat. Il rassemble une équipe de chercheurs spécialisés dans des domaines étendus : relations internationales, sécurité, défense, migration, énergie, santé. Nos recherches, destinées au ministère des Armées, apportent un éclairage sur l’interaction entre les enjeux sécuritaires et climatiques. 

Nos travaux sont axés sur la cartographie des risques, l’analyse ou encore l’anticipation. Nous croisons les données climatiques et géopolitiques pour produire des notes et des scénarios de prospective agrémentés de recommandations. Depuis 9 ans, l’ODC organise des séminaires, rédige des rapports et diffuse des podcasts avec des intervenants civils ou militaires sur ce sujet en constante évolution. 

La dernière publication en date se consacre au stress hydrique en Europe du Sud et ses conséquences sécuritaires, comme les sécheresses, les inondations ou les incendies. Parmi elles, les risques liés à l’instrumentalisation de l’eau par des puissances étrangères lors de conflits ou pour déstabiliser un État, comme l’illustre un scénario de prospective se déroulant en Corse en2045.

Sobriété énergétique

L’importance de l’eau s’est notamment révélée cette année lors du passage du cyclone Chido à Mayotte. Cette catastrophe a amplifié le stress hydrique que connaît déjà ce territoire depuis 2023. Les Terriens, habitués aux interventions de secours d’urgence (ISU) en France et à l’étranger ont été déployés pour aider la population mahoraise. D’après une étude de l’Observatoire, ce type d’intervention a augmenté de 200 % entre 2007 et 2023

Cette tendance contraint les forces terrestres à adapter leur organisation, les moyens humains et capacitaires ainsi que leurs missions. Preuve en est avec la création d’une quatrième Unité d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile à Libourne. Un autre enjeu pour les forces terrestres concerne la réduction de leur impact sur l’environnement. 

En effet, si celles-ci ne peuvent se passer de l’énergie fossile pour l’utilisation des matériels, elles n’en restent pas moins conscientes de leur empreinte sur l’environnement. Pour cela, elles poursuivent leur action en faveur d’une plus grande sobriété énergétique, elles poursuivent la décarbonation de leurs infrastructures. Elles mènent aussi des actions en faveur de la préservation de la biodiversité dans les camps de manœuvre. »

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