L'engagement comme moteur
Texte : CNE Eugénie LALLEMENT
Publié le : 24/07/2025.
|
Temps de lecture :
8
minutes
Transporteur au 14e régiment d’infanterie et de soutien logistique parachutiste, le sergent Guillaume ne se contente pas de conduire. À vingt-huit ans, il assure l’acheminement Un métier qui exige une vigilance constante et une capacité à surmonter les imprévus.
« Il faut savoir s’intéresser aux véhicules en tous genres et à la mécanique en général », confie le sergent Guillaume. Chef d’escouade de transport au 14e régiment d’infanterie et de soutien logistique parachutiste (14e RISLP), sa mission est d’acheminer en toute sécurité, de jour comme de nuit, du fret essentiel aux troupes, en métropole et en opération extérieure. Aux commandes de ses poids lourds ou super poids lourds, il a connu tous les aléas : fuites, pannes, crevaisons, ou encore enlisement, auxquels s’ajoutent certaines menaces en opérations extérieures.
Son rôle ne se limite pas à conduire, loin de là. Dans la conduite de ses missions, il lui faut anticiper les imprévus, réagir aux situations d’urgence et assurer l’entretien des véhicules : « Un problème technique peut vite compliquer une mission. Nous devons être en mesure de diagnostiquer les pannes et si possible, les réparer sur le terrain ». À cela s’ajoute une organisation rigoureuse : préparation des itinéraires, évaluation des besoins en carburant, gestion des temps de conduite.
« Nos convois transportent parfois des chargements sensibles. Nous avons une responsabilité vis-à-vis du véhicule et de la marchandise », ajoute-t-il. Dans cet univers où le risque est omniprésent, la vigilance est de mise : la moindre erreur peut avoir des conséquences sur le bon déroulement des opérations.
« Vivres utiles aux combattants »
Originaire de Poitiers, Guillaume a grandi dans un environnement familier du milieu militaire. En partie grâce aux “Journées portes ouvertes” du régiment d’infanterie chars de marine et aux récits d’une cousine engagée, « inconsciemment, l’idée s’est ancrée ». À 17 ans, titulaire d’un CAP de menuisier, il se rend dans un Centre d'information et de recrutement de l’armée de Terre avec le désir de servir son pays et d’occuper un poste qui a du sens, tout en découvrant une autre région.
Après des classes à Montlhéry, il intègre en 2015 son régiment à Toulouse, où il débute comme gestionnaire d’approvisionnement. « J’étais en charge de la mise en œuvre des équipements de soutien du combattant, c’est-à-dire les équipements utiles à la vie en campagne : toiles de tente, remorque-douches… », explique-t-il. Ce métier requiert une certaine dextérité manuelle, une de ses qualités. À l’aise dans ce nouvel environnement, ses débuts se passent très bien avec des chefs qu’il qualifie de « fermes mais justes ». Rapidement, il goûte aux premières opérations extérieures.
« J’étais convaincu de ce que je faisais »
Son premier déploiement le mène au Liban en 2017, comme fourrier. « On apprend vite l’autonomie et la responsabilité au contact de toutes les spécialités », se souvient-il. Lors de cette mission il comprend l’importance de son rôle dans la chaîne logistique. Envoyé au Mali fin 2018, il fait face à la dure réalité du terrain. Conducteur PPLOG, il assure le transport de matériel essentiel aux troupes. Un engagement marqué par le décès accidentel d’un camarade lors d’une opération de maintenance.
En 2020, il repart au Sahel, cette fois-ci comme gestionnaire d’approvisionnement avec pour mission d’organiser l’envoi de vivres, d’équipements et de matériel balistique. « J’étais convaincu de ce que je faisais », affirme-t-il, bien que la mission ait été émaillée d’un nouvel événement tragique. Avec pudeur, il admet avoir ressenti le besoin de ralentir les départs tout en restant pleinement engagé.
En 2021, il demande un changement de spécialité pour rejoindre la 1re compagnie parachutiste de circulation et de transport qui vient d’être créée. Il part à Saint-Maixent et est promu sergent en janvier 2024. Devenu chef d’escouade, il est en charge de la formation des conducteurs, de la préparation des missions et de la sécurité des équipages. Continuant de servir avec la même exigence, il est conscient que de nouvelles missions l’attendent sur le flanc Est.
Le 14e RISLP est le seul régiment à mettre en œuvre des unités mobiles de boulangerie de campagne et à produire du pain pour les forces déployées en opérations.