Partager l'article

Renseignement : pour la sécurité de la Défense

Texte : LTN Stéphanie RIGOT

Publié le : 18/05/2022 - Mis à jour le : 10/07/2022.

Dans l’ombre, les agents de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense opèrent au quotidien, dans le domaine du renseignement de contre-ingérence. De la préparation opérationnelle à l’instruction spécifique, TIM a suivi, au mois de décembre 2021, une cinquantaine d’officiers, d’inspecteurs de sécurité de la défense et d’agents civils.

Quelque part en France, dans un site spécialement aménagé et recréant les conditions de mission, l’adjudant-chef Sébastien et son binôme retrouvent leur source, un membre d’un groupe armé terroriste. « T’es un traître ! Pourquoi tu parles aux Français ? » lance tout à coup le chef de la milice qui a fait irruption dans la pièce. L’ambiance bascule. Échanges de tirs, cris, en quelques secondes, leur contact est abattu par les rebelles. Les deux agents sont, à leur tour, pris pour cible. Rapidement ils s’extraient et rejoignent le reste du groupe en appui à l’extérieur.

Fin de l’exercice. Comme eux, une vingtaine de personnes suivent ce module spécifique de préparation avant projection. Ces militaires de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD), spécialistes de la contre-ingérence, sont les premiers capteurs de renseignement d’ambiance sur les potentielles menaces pesant contre nos forces en Opex (attaques directes ou indirectes par exemple).

Entraînement réaliste et adapté

Après douze jours, la vingtaine d’agents achèvent leur préparation opérationnelle par un exercice de synthèse. « Cette restitution est encore plus authentique. Comme en Opex, toujours armés et ensemble 24 heures sur 24 », souligne l’adjudant-chef Sébastien, inspecteur de sécurité de la défense (ISD) depuis 2015 et ancien transmetteur de l’armée de Terre. Son binôme, ancien sous- marinier, précise : « La richesse de ce service vient de ses agents issus d’horizons différents : terre, air et espace, marine, et monde civil ». Retour sur l’exercice.

Les ISD doivent établir le contact avec une source pour collecter du renseignement. Ils sont dotés d’armes de poing de type Glock 19 (une arme choisie pour sa compacité et son port discret), de crosses Roni et de sacs à dos balistiques : armement et matériel sont adaptés à leur mission de renseignement. Ici, pas de munitions à blanc. Des cartouches non létales permettent de fixer l’impact à la peinture. Ces projectiles marquants, utilisables dans les armes “FOF” spécifiques à l’entraînement, augmentent le réalisme du scénario, donc l’efficacité de l’entraînement.

Renseigner pour déceler

Mais un bon maniement des armes ne suffit pas. Les ISD doivent comprendre le milieu dans lequel ils vont évoluer et se déplacer. Les modes d’actions particuliers du Service sont ainsi passés en revue de manière globale, en cherchant à se renouveler en permanence et en s’adaptant au futur terrain d’action. Comme à l’occasion du module de conduite tout terrain. L’itinéraire vers le lieu de rencontre est accidenté, nécessitant une maîtrise totale du véhicule, au niveau du pilotage comme de la mécanique.

Au bilan, pour le sergent- chef Johann, instructeur à la DRSD : « La conduite 4X4 a été bien séquencée. L’arrivée sur zone a été faite sans marquer l’environnement et l’itinéraire de secours a bien fonctionné ». En opérations extérieures, l’objectif de ces agents est de renseigner la force pour déceler et empêcher toute menace externe susceptible de porter atteinte aux troupes engagées. Mais la DRSD s’entraîne aussi pour sa mission quotidienne qui est de protéger en métropole les forces et l’industrie de défense.

Profiler une cible

Paris, 18h30. En parallèle de cette préparation opérationnelle, trente officiers et agents civils suivent une formation dédiée aux méthodes et techniques de recherche opérationnelles, de l’enquête de sécurité à la surveillance spécialisée, en passant par la filature. Radios, oreillettes, blousons, bonnets, sacs à main, les agents se désilhouettent, pour se rendre anonymes. Le groupe est en place à la station Sèvres-Babylone. La cible sort du métro.
 

La filature commence. D’une parfumerie à une église, dans les rues de Paris, les stagiaires ne lâchent pas l’objectif. Plus tard dans la soirée, dans un bar fréquenté du quartier Saint-Michel, la cible rejoint son contact. Ils s’installent à une table, sans se douter qu’au comptoir, deux agents les observent et s’intéressent à leurs moindres faits et gestes. Tout en discrétion, jusque tard dans la nuit, ces spécialistes du renseignement ne perdront pas leur objectif. Les éléments collectés lors de cette filature permettent de profiler la cible en déterminant ses intentions envers la force, qui pourront être étudiées par les analystes.

Le saviez-vous ?

La DRSD recrute : www.drsd.defense.gouv.fr/recrutement

À lire aussi

Du 26 mars au 1er avril, le 3e régiment étranger d’infanterie en Guyane a conduit un exercice en terrain libre.

Immersion

L'école militaire de haute montagne de Chamonix accueille les jeunes candidats venus passer les tests d'admission.

24 heures avec