Les traqueurs d'ondes du 54e régiment de transmissions
Texte : CNE Eugénie LALLEMENT
Publié le : 20/05/2022 - Mis à jour le : 09/07/2022.
Engagés dans les Pyrénées orientales, les “traqueurs d’ondes” du 54e régiment de transmissions ont effectué leur contrôle opérationnel avant projection, appelé Aigle noir, du 6 au 11 décembre. Pour la première fois, le régiment s’insérait dans la manœuvre de l’exercice Raid Trapp pour durcir les conditions d’engagement des deux parties.
Sur le col de Saint-Jean dans les Pyrénées orientales, à 860 mètres d’altitude, un transmetteur du 54e régiment de transmission (54e RT) actionne une commande. Sans tarder, l’imposante antenne fixée à son véhicule de l’avant-blindé se déploie jusqu’à atteindre la cime des arbres. Cette station d’interception et de localisation appartient à la section d’appui électronique sous blindage (SAEB), l’une des unités tactiques du 54e RT, avec la section légère d’appui électronique (SLAE), déployées pour l’exercice Raid Trapp.
Dans la manœuvre, les transmetteurs sont des combattants de la guerre électronique, engagés au profit des unités d’aide à l’engagement (UAE) des 11e brigade parachutiste et 9e brigade d’infanterie de marine. Aux ordres du capitaine Matthias, la 1re compagnie effectue pour l’occasion son contrôle opérationnel habituel, appelé Aigle noir. « Le régiment adosse pour la première fois son contrôle opérationnel à un exercice interarmes, avec la participation d’autres unités », souligne le capitaine Raphaël, officier communication. L’intérêt est double.
D’un côté, l’environnement de guerre électronique, généré par le 54e RT, permet de durcir la préparation opérationnelle des UAE qui travaillent ainsi leurs procédures dans un contexte de haute intensité ; de l’autre, les opérateurs du régiment s’entraînent face à un adversaire discret, mobile et disposant d’une faible signature électromagnétique.
Intercepter, localiser, brouiller
À plusieurs kilomètres de là, une infiltration par les commandos parachutistes et les groupements d’aide à l’engagement amphibie, est en cours. L’objectif : attaquer un barrage. Une patrouille de la SLAE est déployée à leurs côtés. Avec ses matériels légers d’interception, de localisation et de brouillage des ondes électromagnétiques, son rôle est d’écouter les signaux émis par l’ennemi et d’en localiser les communications. Elle se déplace surtout à pied.
À bord de son véhicule, le lieutenant Tanguy, chef de la SLAE, suit l’action de ses transmetteurs à travers les comptes-rendus. « Nous interceptons les communications de l’ennemi lorsqu’il transmet des ordres par moyens radio, pour obtenir du renseignement. Puis nous localisons les émetteurs pour définir les zones possibles de son emplacement. Le brouillage permet de gêner, voire d’interdire leurs communications », explique-t-il.
L’ensemble du matériel tient dans les sacs individuels portés par les soldats et peut rapidement atteindre les 40 kg. Habitué à la supériorité des moyens de communication du régiment face à l’ennemi, notamment dans les opérations extérieures actuelles comme au Sahel, Tanguy confirme l’intérêt de cet entraînement : « Cela permet d’éprouver notre capacité à générer du renseignement face à un adversaire difficilement décelable, aux procédures discrètes et disposant de moyens égaux aux nôtres ».
Guerre électronique
Engagé sur Raid Trapp comme force adverse aux UAE, la SAEB a pu préalablement reconnaître la zone. Les antennes sont mises en œuvre sur un point fixe et dans un périmètre sécurisé. Le maréchal des logis-chef Mickael, sous-officier adjoint de la SAEB précise : « On les positionne dans des endroits stratégiques et difficilement décelables ».
Les conditions climatiques peuvent jouer sur le déploiement des mâts. « Le vent peut complexifier la manœuvre ». Au travers de ses actions sur les ondes électromagnétiques, le 54e RT permet aux unités appuyées de travailler dans une ambiance de guerre électronique similaire à celle qu’elles pourraient rencontrer dans le combat de demain. Régiment d’appui électronique tactique de l’armée de Terre, le 54e RT s’inscrit résolument dans la combinaison des effets sur les champs immatériels.