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Les drones, un atout clé du renseignement

Texte : LTN Mélanie MARTIGNY

Publié le : 07/09/2022 - Mis à jour le : 02/10/2022.

Qu’ils soient de niveau tactique, au plus près des contacts, au profit de missions de ciblage ou en appui de la manœuvre dans les champs immatériels, la plus-value des drones est incontestable. C’est l’un des enseignements de l’exercice Mort-Homme, mené par le 61e régiment d’artillerie, expert du renseignement par imagerie.

« Bravo décollage » annonce le maréchal des logis Gérald, télé-pilote, à son chef de section par radio. Les hélices du micro-drone Parrot Anafi s’activent et une seconde plus tard, il s’envole. L’opérateur reste en retrait à la lisière du bois : « Si nous avons des drones, l’ennemi aussi. Nous devons mener nos missions avec une discrétion maximale ».

Cet adversaire est une grande puissance fictive la “Ruthénie”, dotée d’une armée aux capacités similaires aux nôtres. Cette dernière a envahi la France par l’est et mène une progression vers l’ouest, avec pour objectif la saisie de Troyes. Les Diables noirs du 61e régiment d’artillerie (61e RA) arment le groupement de recherche multi-capteurs (GRM), spécialisé dans l’emploi des drones de renseignement. Ils appuient la manœuvre de la division blindée.

Ce scénario est celui de l’exercice Mort-Homme qui s’est déroulé du 16 au 25 mai en Haute-Marne. Gérald est à l’affût. Après quelques minutes, il repère sur l’écran de sa tablette une grande tente floquée, avec du mouvement autour. Il rend compte immédiatement par radio : « Une tente sanitaire en visuel. Autour, environ vingt personnes vêtues d’uniformes dépareillés ». Grâce aux autres capteurs du GRM, le renseignement est recoupé et la présence ennemie dans cette zone est ainsi confirmée et caractérisée.

Déceler une position ennemie

Sur le terrain, ces experts du renseignement travaillent en équipe, patrouilles légères de recherche par imagerie. « Nous pouvons remplir un large panel de missions. Nous utilisons plusieurs drones sélectionnés en fonction du scénario tactique, précise le lieutenant Jean, chef de section légère de recherche par imagerie. Celles-ci vont de la reconnaissance d’un itinéraire pour appuyer la progression amie, en passant par la surveillance d’une zone, mais également à la recherche de renseignement par l’image en temps réel en combinant la manœuvre de recherche avec le renseignement humain ou électromagnétique ».

Pour chacune de ses missions, le télé-pilote évalue d’abord son temps de vol, rend compte, reçoit ses ordres via les transmissions et s’assure de la bonne intégration de son drone dans la troisième dimension.Une contrainte : l’espace aérien du champ de bataille est désormais saturé d’objets volants. Une fois les images recueillies, elles sont analysées par l’interprète image. Un dossier d’imagerie est ensuite produit et transmis en temps quasi réel au commandement.

« Le renseignement permet à mes chefs d’avoir une meilleure appréciation de la situation, en décelant une activité ou une position ennemie dans sa zone d’action par exemple. Le délai est crucial, pour permettre au centre opérations du GRM de recouper le renseignement et, dans certains cas, d’initier le processus opérationnel conduisant au déclenchement d’une frappe aérienne ou d’artillerie », explique le lieutenant.

Renseigner dans la profondeur

L’exercice Mort-Homme montre la “dronisation” de l’armée de Terre qui dispose d’une gamme complète : des drones tactiques (le Patroller, 18 mètres d’envergure et d’1,2 tonne, capable de renseigner jusqu’à 150 kilomètres) jusqu’aux nano-drones (le Black Hornet, ou drone opérationnel de poche de 33 grammes) en passant par les mini-drones (SMDR, système de mini-drone de renseignement) enfin micro-drones (Parrot Anafi USA) dont la livraison de près de 100 systèmes a été effectuée début 2022 ou le NX70, en service depuis deux ans).

À la fin de l’année, le drone tactique Patroller sera livré au 61e RA. Ses missions ont été simulées sur l’exercice Mort-Homme grâce à un système innovant de simulation débarquée conçu par le régiment. De dernière génération, il est un atout décisif de renseignement dans la profondeur. Le Patroller apporte une capacité au profit d’un corps d’armée ou d’une division. Alliée aux capacités “feux” comme celles du lance-roquettes unitaire du 1er régiment d’artillerie, l’ennemi pourra être neutralisé.

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