Baptême du feu pour le mortier embarqué pour l'appui au contact
Texte : Capitaine Eugénie Lallement
Publié le : 07/05/2025.
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C’est au sein du plus grand camp militaire d’Europe à Canjuers que les dix ans du programme Scorpion ont été célébrés. Pendant deux jours en mars dernier, tous les nouveaux engins étaient réunis pour une démonstration grandeur nature en présence de délégations étrangères. Au centre des démonstrations, les premiers tirs publics du Griffon Mépac - mortier embarqué ont fait sensation.
Dans le camp de Canjuers baigné de soleil, une cohorte d'engins blindés s’élance face aux tribunes des délégations invitées aux ʺJournées Scorpionʺ, ce lundi 4 mars. Dans le tumulte, un imposant véhicule, objet de toutes les attentions, s’arrête net. De son toit ouvrant, jaillit un canon ravalé sitôt après avoir délivré une salve de 12 obus. La trappe se referme et il repart dans un nuage de poussière.
Cette séquence de moins de 3 minutes illustre la raison d’être du Mepac - mortier embarqué pour l’appui au contact : frapper vite et fort. Dernier né de la gamme Scorpion, le Mepac, déclinaison du Griffon, véhicule blindé de transport de troupes, dotée d’un mortier de 120 mm, tient toutes ses promesses. « Il offre la mobilité du Griffon et la précision d’un Caesar », décrit le lieutenant-colonel Jean-Marie, officier de marque Mepac à la Section technique de l’armée de Terre (STAT).
Bénéficiant de la vétronique Scorpion et du système Atlas de Safran, il s’intègre à la perfection dans un combat infovalorisé, où les échanges de données en temps réel optimisent la synchronisation des tirs et des mouvements sur le terrain.
Une défense européenne
Si le Mepac illustre l’évolution capacitaire portée par le programme Scorpion, il n’était pas le seul à briller sur le terrain pendant ces journées : le Jaguar, le Griffon VOA (véhicule d'observation d'artillerie) et sanitaire, le Serval, mais aussi le char Leclerc rénové et le VBCI (véhicule blindé de combat d'infanterie) ont démontré leurs capacités en présence d’une quinzaine de délégations étrangères, de la Direction générale de l’armement et des industriels de la défense, tels que KNDS, Arquus, Texelis, Thales ou encore MBDA. Cette modernisation repose aussi sur un partenariat stratégique avec la Belgique, à travers le programme CaMo.
Ce projet unique en son genre va bien au-delà d’une simple acquisition de matériel : il vise à unifier les doctrines d’emploi, les formations et les systèmes de communication. « Il s’agit de se former ensemble pour, peut-être un jour, partir en opérations extérieures côte à côte », explique le lieutenant-colonel Erik, officier du programme CaMo de l’état-major de l’armée de Terre. En plus de la Belgique, le Luxembourg a récemment rejoint cette dynamique, renforçant ainsi l’idée d’une défense européenne basée sur des équipements communs et des capacités partagées.
Renforcer la compétitivité
Symboles d’une rupture technologique, les Scorpion Days avaient un objectif plus large : renforcer l’influence du programme sur la scène internationale et le faire connaître à de nombreux partenaires. Le Mepac en est un parfait exemple. D’ici à 2028, 54 exemplaires seront livrés à l’armée de Terre, tandis que la Belgique en recevra 24. 11 Mepac sont autorisés à l'emploi dans les forces d'ici fin 2025.
Cette coopération a pour but de renforcer la compétitivité des industriels français en favorisant les exportations. À terme, l’idée serait d’insuffler une dynamique en vue de la création d’un club d’utilisateurs Scorpion, qui permettrait aux pays partenaires de partager leur expérience et de développer ensemble les évolutions du programme.