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Avec les soldats français au Liban

Texte : Lieutenant Najet Benzirar

Publié le : 07/05/2025. | pictogramme timer Temps de lecture : 10 minutes

Depuis plus de quarante ans, les armées françaises sont présentes au Liban. Au milieu d’une zone de guerre, les Casques bleus français de la Force Commander Reserve poursuivent leur mission. Ils sont engagés pour faire appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu et à renforcer l’efficacité opérationnelle de la Force intérimaire des Nations unies. Un engagement pour la paix aux côtés d’un pays frère.

Il est cinq heures du matin sur le camp 9.1 situé dans le village de Dayr Kifa à près de 400 mètres d’altitude au sud du Liban. Lorsque les premiers véhicules blindés légers (VBL) et les camions Sisu finlandais démarrent, le soleil vient à peine de se lever sur les reliefs du Mont Hermon. Direction le secteur ouest de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), commandé par les Italiens. 

L’objectif de cette première journée est clair et compris par tous : contrôler des points d’intérêt identifiés au préalable. Quelques jours plus tôt, des hélicoptères Bell UH51 ont survolé la zone à la recherche d’indices sur de potentielles caches d’armes. À bord des appareils,se trouvent les hommes de l’Air Recce Team, composée de membres d’un groupement commando montagne (GCM) et d’éléments du génie. Ce petit groupe autonome, équipé de matériel de captation d’images, collecte du renseignement

Après avoir cartographié la future zone d’opération depuis les airs en prenant de multiples clichés, il faut passer au décryptage. En moins de 12 heures, plus de 600 photos sont analysées et répertoriées. « Autonomes et adaptables, les équipiers sont en mesure de traiter rapidement une grande quantité de données et discerner celle qui revêt une réelle valeur tactique », explique le lieutenant Mayeul, responsable de cette unité. 

Au nord de la vallée de Zibqin, la concentration est à son maximum. Les Finlandais sont à la manœuvre avec la compagnie d’infanterie. La première phase de l’opération Pelvoux 1 débute. Après quelques kilomètres, les fantassins finlandais décèlent des indices d’activité du Hezbollah et débarquent pour continuer la reconnaissance à pied, appuyés au plus près par le génie français.

À quelques mètres de l’axe principal, ils découvrent une ouverture qui semble conduire à une grotte. Sans attendre, les sapeurs entament une inspection qui révèle un trou entouré de fils et de câbles électriques reliés à un système sophistiqué de déclenchement avec allumeur pyrotechnique à traction. L’équipe EOD, forte de spécialistes du déminage, intervient dans la foulée.

« Une force impartiale »

Deux jours plus tard, une dizaine de blindés patrouillent dans la région de Marwahin au plus près de la Blue Line et au plus proche des positions israéliennes. Les militaires français sont d’une extrême prudence. Au loin, on aperçoit des chars Merkava et des blindés Namer (israéliens). 

Le lieutenant-colonel Louis-Dominique, chef des opérations, développe : « Avec Pelvoux 1, nous avons franchi une étape pour accroître la crédibilité opérationnelle de la Finul. Cette opération a permis de déployer pendant quatre jours dans un secteur sensible des modes d’action variés et innovants. La visibilité de cette mission d’envergure produit des effets sur le terrain et sur les perceptions. »

Le bilan est conséquent : des canons d’artillerie, des lance-roquettes multiples opérationnels, des fusils mitrailleurs, des SPG-9, des caisses de munitions de petit calibre et 120 kilos d’explosif saisis. « Nos opérations doivent apporter des garanties de sécurité à tous les acteurs. Nous sommes une force impartiale qui doit produire des effets stabilisateurs en collaboration et en appui des Forces armées libanaises », insiste le colonel Vincent Flore, à la tête de soldats de la Force Commander Reserve (FCR)

De la Blue line au fleuve Litani

Le colonel est engagé depuis février au Liban avec son régiment. Son objectif prioritaire pour les prochains mois : « Apporter sur le terrain, par la posture déterminée et la présence dynamique de la FCR, la preuve de la détermination et de l’implication de la Finul à faire appliquer la résolution 1701. » La FCR, contingent franco-finlandais, constitue le fer de lance de la Finul

Avec ses 800 soldats, elle s’impose comme une force agile et robuste qui manœuvre selon des principes tactiques éprouvés et marque des efforts ponctuels et ciblés pour mieux permettre la stabilisation du Sud Liban. Elle a vocation à intervenir dans l’ensemble de l’aire d’opération sans aucune restriction, dans une zone qui s’étend de la Blue Line au sud au fleuve Litani au nord. 
 

Quand Nassim, soldat de1re classe au poste de cavalier porté évoque son déploiement au Liban, ses yeux brillent. « C’est incroyable, je n’ai que douze mois de service et je suis déjà sur un théâtre majeur. J’ai effectué mes classes, mon brevet de skieur militaire et ma formation technique de spécialiste. Et maintenant, je suis là. » Malgré l’enthousiasme, la vigilance est de mise. En mission, le jeune Français est en tête avec les patrouilles dites ʺéclaireursʺ de l’escadron de reconnaissance et d’intervention. Le danger représenté par les mines et les munitions non explosées ne quitte jamais son esprit. 

Un piège peut en cacher un autre

Afin de faire face à la menace constante de la pollution du champ de bataille, une compagnie de combat de génie temporaire a été créée pour une durée de deux mandats. De très nombreuses munitions tirées et non explosées, ainsi que des mines ou engins explosifs improvisés (EEI) sont disséminés sur ce territoire. 

Leur neutralisation est essentielle afin d’assurer la sauvegarde de la Force et de la population libanaise. Elle permet aux cavaliers et fantassins de reconnaître les objectifs identifiés en toute sécurité et de neutraliser toutes les menaces existantes. Les équipiers EOD ne comptent plus les années de formation, les stages et entraînements réalisés pour maintenir leurs connaissances à jour. Spécialistes reconnus, ils interviennent régulièrement pour neutraliser des EEI. 

Dans le sud du Liban, particulièrement dans la région de Tyr et des rives sud du Litani, les Casques bleus patrouillent tous les jours, veillent au soutien et au retour des populations. Ainsi, de nombreuses actions civilo-militaires sont organisées par la FCR pour aider les habitants

Récemment, la section appui du génie de combat dotée d’engins de chantier et de savoir-faire particuliers a œuvré au profit de la population du Sud Liban. Après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, les tensions demeurent vives. Le colonel Vincent Flore assure : « Notre engagement au Liban revêt un caractère stratégique pour la France car il incarne une force d’équilibres dans une région instable ».

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