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Orpaillage illégal : la traque se poursuit en Guyane

Texte : ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 13/09/2023 - Mis à jour le : 25/10/2023. | pictogramme timer Temps de lecture : 8 minutes

Pour l’opération Harpie, la mission Jaguar a mobilisé, au printemps, trente-deux militaires du 9e régiment d’infanterie de Marine, quatre gendarmes et deux démineurs de la sécurité civile, dans la zone de Saint-Jean du Petit Abounami. Ils ont neutralisé un site aurifère illégal, l'un des plus rentables de la Guyane.

Dans une région montagneuse à l’ouest de la Guyane, le site d’exploitation aurifère de Saint-Jean du Petit Abounami compte des dizaines de puits et de galeries. Il est l’un des plus rentables pour les orpailleurs illégaux, les garimpeiros (nom brésilien pour désigner les orpailleurs clandestins). Les premiers marsouins (surnom donné aux soldats des Troupes de Marine) se sont infiltrés par le fleuve et la forêt. Sur place, ils ont stoppé toute activité et fait fuir la majorité des travailleurs.

Avec ses hommes, le capitaine Stanislas, du 9e régiment d’infanterie de Marine (9e RIMa), relève et localise tous les puits et les galeries. Les informations sont ensuite transmises au centre des opérations. À terme, les démineurs de la sécurité civile procéderont à leur neutralisation à l’aide d’explosifs.

La vie s’est parfaitement organisée aux abords du site. Une centaine de carbets, des habitations faites de bois et de bâches plastiques, abritent jusqu’à 2 000 garimpeiros. Des bars, des commerces et même une église améliorent le confort des travailleurs clandestins. Les exploitants déploient une logistique onéreuse pour acheminer le matériel dans la forêt. Plusieurs groupes de militaires fouillent et détruisent ces installations de fortune afin de décourager les garimpeiros de rester sur place.

Quelques jours plus tôt, un équipier du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) a été mortellement touché par un orpailleur au cours d’une infiltration. Un important dispositif a été déployé pour retrouver l’agresseur en fuite. Malgré tout, pour les gendarmes comme pour les marsouins, la mission continue. Ici, un gendarme procède à une fouille. Un binôme des forces de sécurité intérieure accompagne toujours les Terriens pour apporter le volet judiciaire aux opérations. Les saisies et les destructions se font sous leur juridiction.

Un militaire du 9e RIMa a trouvé 15 grammes d’or. En moyenne le cours de l’or est estimé à une soixantaine d’euros pour un gramme. Chaque année, une dizaine de tonnes d’or est extraite illégalement en Guyane. Au-delà du préjudice économique, l’activité aurifère cause de sérieux dégâts : déforestation, pollution au mercure, ce qui entraîne une atteinte à la santé des populations locales.

Le gel du site empêche l’arrivée des flux logistiques. Néanmoins, les garimpeiros encore présents, ont dissimulé leur matériel dans de nombreuses caches aux abords de la zone. S’engage alors une véritable chasse au trésor pour les militaires qui ratissent la zone sous une chaleur étouffante avec un taux d’humidité de plus de 90 %.

La persévérance des militaires paie. Un groupe découvre 300 kg de matériel dans une cache, enterrée au milieu de la végétation. En une dizaine de jours, le bilan des saisies et neutralisations est de : 167 carbets et 17 000 m2 de bâches, 10 puits et galeries, 4 concasseurs, 39 moteurs, 17 groupes électrogènes, 4 quads, 1 300 mètres de tuyaux et 12 tonnes de matériels divers. Le préjudice financier infligé aux garimpeiros est estimé à plus de 2,4 millions d’euros.

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