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Exercice Goubert 2025 : champagne pour les logisticiens

Texte : Tanguy de Maleissye - Photos : Tifenn le Bris/Armée de Terre/Défense

Publié le : 07/05/2025. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

En janvier dernier lors de l’exercice Goubert 2025, la brigade logistique s’est déployée dix jours en Champagne. Sa mission : assurer la permanence du ravitaillement des 20 000 combattants et 7 000 véhicules d'une division. Expérimentant une nouvelle doctrine d’emploi, la chaîne de soutien logistique, poumon de la guerre, se prépare.

Mardi 21 janvier, 8 heures

Installé en forêt champenoise, un poste de commandement quasi invisible, se confond avec les couleurs hivernales du sous-bois. À l’intérieur de celui-ci, des actions de ravitaillement sont en cours de planification. 

La brigade logistique a reçu pour mission de soutenir une division. « La guerre a commencé, l’ennemi a franchi la frontière » annonce le commandant du centre des opérations.

 Être aussi efficace qu’invisible, voici l’enjeu des 480 logisticiens engagés. Pour cela, ils s’organisent en Brigade de soutien divisionnaire (BSD). Déployés sur un secteur de 500 kilomètres carrés, ils fournissent aux unité de quoi vivre, combattre et durer.

10 heures

Un maintenancier du 516e régiment du train révise un véhicule tactique. Il opère dans la "zone fonctionnelle de maintenance". Ce secteur est l’un des quatre constituant la BSD. Positionnée à 120 kilomètres du front, la brigade regroupe en plus une zone de "ravitaillement-transport", une zone "santé" et une dernière dédiée au soutien du combattant

Acheminement de carburant, de munitions, de rations, d’équipements, réparation du matériel, transports des blessés et des dépouilles : autant de besoins nécessaires pour assurer la permanence du combat d'une division.

13 heures

Une alerte "nucléaire, radiologique, biologique et chimique" (NRBC) est déclenchée. Equipés, les militaires analysent puis décontaminent l’environnement touché. Sur les dix jours d’exercice, ils sont soumis à des incidents déstabilisant leurs actions : attaque de drone, interruption de ravitaillement... « On cherche à voir comment les soldats réagissent, et quelles solutions ils vont trouver pour régler les problèmes », explique le lieutenant-colonel Alexandre, commandant l’exercice.

16 heures

Un train de combat, une unité de soutien au plus proche de la ligne de bataille, ramène plusieurs blessés vers la zone fonctionnelle santé. Ces derniers sont pris en charge pour un secours en chirurgie et réanimation à une centaine de kilomètres des actions de combat. Si besoin, un détachement avancé de soutien (DAS), composé d’une équipe de chaque zone, peut être installé à 60 kilomètres du front, pour rapprocher et assurer la continuité du soutien aux opérations.

Mercredi 22 janvier, 9 heures

Un des PC, installé déjà depuis plusieurs jours, est réapprovisionné en carburant. Pour conférer plus de souplesse de commandement, ce poste est dédoublé à l’identique à plusieurs kilomètres. Toutes les neuf heures, ils se relaient. Cette alternance garantit la permanence du commandement. 

« On conçoit les ordres la journée et on conduit les opérations la nuit, pour rester discret », détaille le colonel Sébastien Burette, chef de corps du 14e régiment d’infanterie et de soutien logistique parachutiste (14e RISLP) et commandant la zone fonctionnelle de "soutien du combattant".

14 heures

Dans un semi-remorque d’apparence civile, une dizaine de militaires s’affairent. Ce PC de la zone fonctionnelle de "soutien au combattant" du 14e RISLP s’est immiscé dans un environnement urbain. Un concept inédit qui ajoute à l’exercice une dimension innovante.

« Un PC doit être souple. Il faut 1 heure 30 pour installer notre déploiement. Si on est détecté par l’ennemi, il faut pouvoir se déplacer rapidement pour maintenir notre capacité opérationnelle » affirme le colonel Sébastien Burette.

16 heures

Une avancée ennemie appuyée par l’emploi de drones contraint les zones de soutien à redoubler de vigilance. Tout autour des PC, des sacs de sables sont installés et la garde est renforcée. « Goubert se base sur un scénario de conflit réel et de haute intensité », affirme le lieutenant-colonel Alexandre. 

Pour l’édition 2025, la brigade a mis en place un nouveau fonctionnement : les distances des zones de soutien, d’intervention des trains de combat et le déploiement des DAS. Un enjeu de taille pour le commandement, devant s’approprier cette expérimentation.

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