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Dans l’enfer des tranchées

Texte : CCH Adrien CULLATI

Publié le : 29/01/2024 - Mis à jour le : 12/07/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

L'emploi des tranchées dans un conflit est redevenu d’actualité fin 2022 lors de la bataille de Bakhmout en Ukraine. Un mode d'affrontement que l'armée de Terre se réapproprie, à l'image du 21e régiment d’infanterie de Marine, déployé en Estonie.

7h30, 31 juillet

Au nord-est de l’Estonie, les stagiaires de la Formation générale élémentaire (FGE) montent les couleurs sur le camp de la base arrière. La FGE se compose de 10 cadres et 25 stagiaires du 21e régiment d'infanterie de Marine (21e RIMa). Après la cérémonie, ils s'apprêtent à mener un exercice peu habituel, réalisé dans des tranchées. Ils doivent défendre leur position pour empêcher la progression de leur adversaire. De retour en régiment, ils pourront transmettre à leurs subordonnées ce mode de combat.

9h30

Première mission pour les marsouins : valoriser le terrain avec la mise en place de barbelé et de mines éclairantes LDU. Ce dispositif déclenché par fil piège permet de déceler et d’éclairer des ennemis qui essayeraient de s’infiltrer, à la nuit tombée. Les premières tranchées apparurent au début du XVIe siècle avec le développement de l’artillerie obligeant les fantassins à s’enterrer pour se protéger des obus, des éclats et de nos jours des frappes de drone. Une menace aujourd'hui affirmée.

13h15

Le groupe de tête ennemi s’introduit dans l’extrémité est de la tranchée principale. La section subit des pertes, dont le chef de groupe. Un stagiaire récupère sa radio et prend le commandement. Dans cet environnement exigu où l'affrontement avec l'ennemi est plus rapproché, la maniabilité et la réactivité du soldat sont décisives.

13h44

Les affrontements s'intensifient dans le boyau de communication. Le groupe au contact tente de retarder l'adversaire en lançant des grenades sur les points vulnérables. Cette action permet au caporal retranché de se replier. Lorsqu'un assaillant se retrouve à l'intérieur, il faut reprendre rapidement possession de son terrain.

13h47

Le groupe a repris l’ascendant des feux. Il doit désormais tenir le point Kilo 1, un emplacement stratégique situé en amont des tranchées secondaires, du poste de commandement et d’un plot logistique. Le 1re classe Arnaud intensifie les feux, pour éviter que la mitrailleuse ennemie ne se place en position de tirs. Le but : s'abriter des coups adverses. malgré sa jeunesse en service, il raconte : « Le combat dans les tranchées me montre une nouvelle façon de travailler, de nouveau et de plus en plus d’actualité ».

19 heures

Après un après-midi de combat pluvieux, les deux sections se font face. L’ennemi est bloqué dans sa progression. La tranchée de communication est bouchée et piégée. Les groupes sont à 50 % aux postes de combat. Le reste de la ressource profite de ce moment de répit pour faire sécher les vêtements, se restaurer, se reposer et surtout entretenir les pieds. L’insalubrité des tranchées, due à l’humidité froide et persistante, peut provoquer une grave infection apparentée aux engelures. Le combat de tranchées sollicite beaucoup le moral des troupes qui doivent maîtriser des gestes techniques pour durer.

2 heures

Au milieu de la nuit, le renseignement indique au chef de section qu’un convoi de renfort ennemi est en route. Le rapport de force est défavorable à la section. Sous une violente averse, les marsouins décident de s’exfiltrer par trinôme. Ils effectuent une marche de 38 km jusqu’au bord de la mer Baltique.

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