Adjudant Alain, réserviste au 2e REG
Suivez le guide !
Texte : CNE Eugénie LALLEMENT
Publié le : 20/09/2023 - Mis à jour le : 08/07/2024. | Temps de lecture : 8 minutes
Guide de haute montagne et moniteur de ski, l’adjudant Alain est un ancien chasseur alpin. En 2020, il rejoint la réserve du 2e régiment étranger de génie, 17 ans après avoir quitté l’armée. Un retour aux sources pour cet acharné de sport, toujours animé par son esprit de soldat. Fidèle à ses valeurs, il met à profit son expérience au sein de l’Institution.
La rencontre se déroule début juillet, au pied de la paroisse Saint Bernard, à Chamonix. L’adjudant Alain attend assis, en short, t-shirt et baskets. Avec son corps affuté, il a tout du profil “chat maigre”. Il nous salue d’un sourire timide. Discret de prime abord, voire réservé, le sous-officier n’a pourtant pas la langue dans sa poche. Des histoires, ce réserviste au 2e régiment étranger de génie (2e REG), en a par dizaines à raconter, comme le jour où un piolet l’a transpercé. « J’ai des blessures un peu partout, je ne les compte plus », nous révèle-t-il avec son accent du Sud-Ouest.
Rien n’arrête ce sportif dopé à l’adrénaline, né en Ariège, dans les Pyrénées. À dix-huit ans, il décroche son baccalauréat. « Je préférais passer mes journées en montagne plutôt qu’au lycée », se rappelle-t-il. Son père, un ancien marsouin, l’encourage à signer chez les chasseurs alpins. En octobre 1984, il rejoint l’École militaire de haute montagne (EMHM), à Chamonix. De là, il déroule sa carrière dans plusieurs unités des troupes de montagne : 11e bataillon de chasseurs alpins (BCA) à Barcelonnette, 7e BCA, à Bourg-Saint-Maurice..., avant de revenir à la maison-mère en 1994, comme instructeur. Après huit ans passés là-bas, il souhaite explorer de nouveaux horizons. « J’avais 36 ans, deux filles, j’ai décidé de quitter l’active en 2003. »
Fidèle à ses valeurs
Grâce aux qualifications obtenues au cours de sa carrière militaire, Alain se lance comme moniteur de ski, à Font-Romeu dans les Pyrénées et guide de haute montagne, à Chamonix. « Je travaille pour la Compagnie des guides et j’ai un contrat moral avec l’École de ski française », nous explique-t-il. Entier, rigoureux, l’adjudant fonctionne tel un soldat investi d’une mission, celle d’amener ses clients jusqu’au bout. Comme lors de ses ascensions du Mont-Blanc, qu’il effectue en groupe, duo ou “one-shot”.
Très peu de guides proposent cette dernière formule, tant elle est éprouvante physiquement. Rien de nature à effrayer l’alpiniste, qui quelques mois avant son départ pour la vie civile, a sauvé un enfant coincé dans une crevasse d’une trentaine de mètres de profondeur. « Son corps était en train de glisser vers le fond. Je suis descendu pour le maintenir en place avant que les secours arrivent », raconte-t-il en toute humilité. D’ailleurs, lorsqu’il apprend que va lui être décernée la médaille pour courage et dévouement à titre civil, il décline poliment l’invitation à la cérémonie, pour une remise plus modeste.
L’uniforme, dix-sept ans plus tard
En 2020, un ancien camarade l’informe que le 2e REG recherche un réserviste, sans succès. « Mes grands-parents habitaient à Castelnaudary, près du 4e régiment étranger. J’ai été bercé par la Légion dans mon enfance. J’ai toujours voulu m’engager mais cela ne s’est pas fait pour diverses raisons. Cette fois-ci était la bonne. » Il accepte et retrouve l’uniforme 17 ans plus tard, comme s’il ne l’avait jamais quitté. « J’ai perçu un paquetage, un béret et le soir-même je partais pour un mois de terrain », se souvient-il.
Son profil est rare et son expérience appréciée. Affecté au Bureau opérations et instruction, il s’occupe essentiellement des formations montagne des légionnaires. Il ne refuse jamais une mission. « Que tu sois d’active ou de réserve, je pars du principe que quand tu signes un contrat, tu l’honores », précise-t-il. Absent de chez lui 8 mois sur 12, Alain n’arrête jamais, que ce soit pour lui ou pour la réserve. « C’est un rythme qui me va bien, j’ai toujours vécu comme ça », admet-il. D’ailleurs son planning est déjà bouclé jusqu’à l’été prochain.