Stéphane Taillat, spécialiste en cyber défense

« Aujourd’hui, les conflits s’étendent bien au-delà des frontières physiques. Avec la numérisation de la société, le cyberespace constitue un espace majeur où les réseaux informatiques, les infrastructures critiques et même les individus, sont des cibles. Ce dernier ne se limite plus à des attaques ponctuelles : la désinformation, l’espionnage et le sabotage prennent une place prépondérante.

L’armée de Terre, historiquement centrée sur les combats au sol, doit s’adapter à ces menaces à évolution rapide et redéfinir des stratégies de défense et d’attaque. L’enjeu principal réside dans la protection des systèmes d’information et de communication, essentiels pour la coordination des opérations terrestres. Toute interruption de ces flux d’information peut entraîner un désastre tactique.

« Prise de conscience »

Pour répondre à ces défis numériques la cyber sécurité est un impératif. Les risques dans le cyberespace ne se limitent pas aux systèmes d’information des forces. Ils s’étendent aux pratiques personnelles des soldats, dont les adversaires cherchent à exploiter les failles. Chacun, au-delà de sa fonction militaire, est un individu avec une empreinte numérique le rendant vulnérable. 

Un comportement imprudent sur les réseaux sociaux ou l’utilisation négligente d’appareils connectés exposent l’individu, mais pas seulement. Chaque soldat doit comprendre que ses actions numériques ont des répercussions directes sur la sécurité collective. Il en va donc d’une prise de conscience individuelle.

Cette question des usages et pratiques doit être mise en lien avec le risque informationnel. La cyber sécurité doit veiller à empêcher la diffusion de fausses informations. Cela évite les manipulations d’opinion des populations avec qui l’armée est en contact direct et protège aussi le moral des troupes. Il est nécessaire que les forces armées, mais aussi les organisations et institutions continuent d’être accompagnées pour empêcher les cyber opérations adverses de les paralyser en utilisant leurs ressources et leurs faiblesses. »