La guerre à livre ouvert
Texte : CDT Romain CHORON
Publié le : 24/01/2024. | Temps de lecture : 5 minutes
La guerre inspire autant qu’elle fascine. Des récits d’Homère aux Calligrammes d’Apollinaire en passant par les journaux de tranchées, la littérature militaire s’exprime sous des genres multiples. Les écrivains sont des témoins, des victimes et même des acteurs des combats. Panorama des ouvrages du XXIe siècle.
La littérature militaire désigne l'ensemble des œuvres traitant de sujets liés au fait guerrier, tels que les aspects historiques, stratégiques, psychologiques et humains de la guerre. Pour raconter les combats, les genres littéraires évoluent. Si la chanson de geste du Moyen Âge a disparu, la bande dessinée historique se développe à la fin du XXe siècle. En revanche, les romans guerriers et les traités de stratégie ou de tactique se succèdent depuis l’Antiquité.
Pour entretenir cette vitalité de la production littéraire, plusieurs manifestations culturelles ont été mises en place par l’armée de Terre. Les écrivains militaires sont alors valorisés lors de salons littéraires. Ainsi au printemps, le salon du Livre de Paris accueille un stand ʺarmée de Terreʺ et propose au grand public des ouvrages rédigés par des militaires, retraçant leurs histoires ou recueillant leurs témoignages. Des dédicaces sont organisées pour rencontrer les auteurs.
Si Paris centralise les actions culturelles, les régions se mobilisent et entretiennent ce dynamisme. Le salon ʺLivres au Palaisʺ du gouverneur militaire de Metz attire les passionnés comme les curieux. À Tours, c’est le salon du livre sur ʺl’histoire militaire, la défense et la sécuritéʺ qui s’ouvre aux visiteurs. Par ailleurs, depuis 2010, l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, organise un festival international du livre militaire (FILM). De même, depuis 2018, aux Invalides, le salon du livre militaire du Centre de doctrine et d’enseignement du commandement invite une soixantaine d’auteurs sélectionnés.
Si les salons permettent de rencontrer les auteurs, ces derniers sont aussi régulièrement récompensés. Le prix littéraire de l’armée de Terre, le prix Erwan Bergot, prime un ouvrage illustrant l’engagement au service de la France et portant les valeurs de l’armée de Terre. Les lauréats se succèdent depuis 1995, tels que Denoix de Saint-Marc, Schoendoerffer, Guillemette de Sérigné, Sylvain Tesson, Arnaud de la Grange…
Passionnés ou hommes de guerre
Les auteurs ont des profils très différents. Passionnés ou hommes de guerre devenus écrivains, tous contribuent à l’élaboration et à la transmission d’un savoir sur le phénomène guerrier. Les opérations extérieures successives ont ainsi fait l’objet de témoignages comme celui de R. Scarpa au Mali, J. Michelin en Afghanistan, ou de M. Cabrita, blessé de guerre.
Des milieux terrestres, comme celui de la montagne ont suscité de nouveaux travaux avec H. de Courrèges, N. Le Nen et PJ. Givre. Enfin, les ouvrages didactiques de G. Haberey ou ceux de P. Santoni permettent à un large public de se familiariser avec la tactique.
Par ailleurs, l’actualité internationale a parfois fait connaître du grand public des auteurs militaires, comme M. Goya, dont la pertinence des analyses dans ses nombreux ouvrages lui a ouvert les plateaux télévisés depuis 2022. Autre exemple, en 2020, l’ouvrage de F. Jordan, a été récompensé par un prix de l’Institut de France (prix Edmond Fréville-Pierre Messmer). Enfin, la rigueur scientifique des travaux d’I. Cadeau renouvelle certaines approches de l’histoire militaire.
Le lien ancien entre la guerre et la littérature assure un dynamisme aux écrits et dessins permettant de faire comprendre les spécificités de la guerre, en s’interrogeant sur le combattant, sur ses motivations, mais aussi sur l’art militaire. La littérature militaire est aussi enjeu de mémoire, permettant de sensibiliser les plus jeunes aux conflits passés.