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Dans l'oeil du cyclone

Texte : Tanguy de Maleissye

Publié le : 24/07/2025. | Temps de lecture Temps de lecture : 5 minutes

Plusieurs mois après le passage du cyclone Chido, le colonel Richard, représentant à Mayotte le général commandant les Forces armées dans la zone-sud de l’océan Indien revient sur les actions menées par les militaires. Celles-ci ont concouru à la stabilisation progressive de l’île aujourd’hui en reconstruction.

Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido frappait l’île de Mayotte. Des vents, avec des pointes enregistrées à certains endroits à plus de 300 km/h, ont soufflé sur l’ensemble du territoire. Un événement rare pour l’archipel dont la dernière tempête de force similaire remontait à 1934. Le lendemain, le bilan est lourd : plusieurs morts, des milliers de blessés, les trois quarts de l’île dévastés dont des habitations, des mairies et des établissements scolaires. La voirie est recouverte par les décombres et les foyers privés d’eau et d’électricité. 

« C’est un traumatisme pour les Mahorais, raconte le colonel Richard, représentant le commandant supérieur des Forces armées dans la zone-sud de l’océan Indien (COMSUP/FAZSOI). Des forces de la sécurité civile 1 ont été déployées en urgence la veille du cataclysme, pour porter secours à la population. » En plus de cette mesure, un Bataillon reconstruction (Batrec) est créé afin de prêter « main forte » sur les chantiers d’urgence et structurels, le déblaiement des axes et de sites identifiés ainsi que le soutien logistique. 

« Le bataillon est venu renforcer progressivement entre février et mars les unités déjà mobilisées. Il est composé d’un état-major et d’une compagnie du génie du 31e régiment du génie, de deux autres unités terriennes avec des renforts de sections interarmées et interservices. Pour l’armée de Terre, c’est la brigade du génie qui était maître d’œuvre. »

 

Gros, moyens et petits oeuvres

Jusqu’à fin janvier, Mayotte était en situation de crise. La priorité : réagir rapidement aux situations les plus graves. Depuis février, l’arrivée du Batrec a contribué à stabiliser la situation. « Nous commençons par reconnaître les sites prioritaires sous la direction de la préfecture, relate le colonel Richard. Une fois les dégâts analysés et après avoir identifié les besoins matériels, les chantiers peuvent débuter ». 

Début avril, une soixantaine de travaux ont été réalisés. Réhabilitation de mairies, d’écoles et de terrains de sport, dégagement d’embâcles (accumulation de déchets apportés par l’eau). et d’axes routiers. À toutes ces opérations s’ajoutent des missions logistiques de ravitaillement en eau, en vivres et en bâches. « Jusqu’au 28 mars, date d’arrivée du dernier déploiement, le bataillon est monté en puissance. Depuis, toutes ses forces emploient leurs compétences en gros, moyens et petits œuvres », déclare-t-il.

 

La continuité des aménagements

Sous le commandement du représentant du COMSUP FAZSOI à Mayotte, le Batrec est un appui au service de l’État : les réhabilitations d’infrastructure sont demandées par les communes à la préfecture, validées et priorisées par le colonel, puis commandées au bataillon. Cela exige de se coordonner avec les autorités politiques locales et sur le plan interministériel (ministère des Outre-mer, ministère des Armées et ministère de l’Intérieur). 

« Les chantiers sont répartis en fonction des compétences. Le Batrec agit toujours pour une entité publique et adapte ses capacités pour ne pas interférer avec d’autres projets ou opérateurs privés », poursuit le représentant. Les hôpitaux et ensembles scolaires sont réadaptés aux normes environnementales, énergétiques, etc. 

Les Mahorais, au cœur des opérations, sont intégrés aux visites de chantiers pour assurer la continuité des aménagements. Depuis l’arrivée des dernières forces, Mayotte est entrée en phase de « stabilisation ». La catastrophe naturelle ayant mis en exergue des installations précaires, l’objectif de l’État est désormais d’assurer des infrastructures saines et pérennes (bâtiments anticycloniques et antisismiques) face aux éléments.

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