Trois questions au général du Peyroux, référent de tradition
Texte : Tanguy de Maleissye
Publié le : 24/07/2025.
|
Temps de lecture :
3
minutes
Les traditions militaires sont un héritage de notre armée mais plus largement de notre pays. Elles sont celles d’un peuple et de son histoire. « Elles ne consistent pas à conserver les cendres, mais bien à entretenir une flamme », disait Jean Jaurès. Le général Etienne du Peyroux, officier référent de la tradition de l’armée de Terre, en assure la perpétuation.
Qu’est-ce que la tradition et comment s’exprime-t-elle au sein de l’armée de Terre ?
L’uniforme, les drapeaux, les saluts, en passant par les insignes et le jargon, sont d’autant de formes que prennent les rites communs ou plus singuliers de la tradition. Ils réunissent ainsi les femmes et les hommes autour d’un sentiment d’appartenance. La tradition est un héritage. Elle est l’ensemble du patrimoine matériel et immatériel transmit de génération en génération.
Elle est un socle commun sur lequel se construit une culture, une histoire. Au sein de l’armée de Terre, elle a une place importante : elle permet de réunir les militaires autour d’un esprit de corps. Elle s’exprime dans un certain nombre de codes que chaque soldat adopte en rejoignant son unité. Elle est aussi bien un legs qu’un moyen de transmission des valeurs de fraternité, d’exigence et de dépassement.
Quelle place pour la tradition pour une fonction aussi particulière que le métier des armes ?
Les militaires ont en effet un métier particulier : ils sont prêts à donner leur vie pour une cause qui les surpasse. Ils s’inscrivent dans l’Histoire de la nation, construit grâce aux sacrifices des combattants à travers les époques. La tradition permet aux soldats de marcher dans les pas des anciens et de s’inscrire dans une continuité. Elle invite à l’humilité.
Elle est le lien entre les générations, une richesse qui oblige devant le passé et interroge le présent. Elle permet aussi au soldat d’exprimer le sens de son engagement vers l’extérieur. Que ce soit lors du défilé du 14 juillet ou devant le levé des couleurs, le militaire affirme personnellement et avec son unité la fierté d’appartenir à son pays. La tradition marque le lien entre l’armée et la Nation.
Le risque de cultiver une tradition singulière ne constitue-t-il pas un risque d’entretenir un "entre soi" coupé du reste de la société ?
L’équilibre entre la tradition singulière et "l’entre soi" est en effet très difficile. La tradition trouve sa limite lorsqu’elle devient une fin en soi. Il faut que son sens soit cohérent avec son expression. Elle est aussi un danger si elle n’est plus un moyen d’inclusion dans un groupe, mais qu’elle exclue un soldat de son unité.
Etre militaire est un métier collectif. Elle se doit donc d’être intelligible de tous. Enfin, elle doit évoluer, elle doit être ancrée dans son temps et sa société. Elle est un des outils pour comprendre le présent, une mémoire qui demeure et qui s’adapte.