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« La guerre c'est pas du cinéma »

Texte : Caporal(R) Adrien Lenormand

Publié le : 07/05/2025. | pictogramme timer Temps de lecture : 3 minutes

Pendant la Seconde Guerre mondiale, penseurs, sportifs et artistes ont participé à leur manière au conflit. Si certains mettent à contribution leur aura, d'autres s’engagent dans l’anonymat pour la libération de la France.

La mise à l’honneur d’Alain Mimoun pour les Jeux olympiques de Paris a rappelé qu’au cours de la Seconde Guerre mondiale, des personnalités ont revendiqué, en tant que citoyens français, le droit d’œuvrer pour la libération de la France. Artistes et intellectuels apportent leur contribution en mettant à profit leur influence. 

Dans la France occupée, une forme d’opposition légale consiste à jouer avec les mots et les représentations pour diffuser un message politique crypté. L’ arme principale demeure cependant les publications hors-la-loi. 

Historienne, journaliste et romancière, Edith Thomas enjoint le peuple à entrer en résistance au travers de l’injonction « Lève-toi et marche » dans un poème anonyme publié en 1943. Le célèbre poème clandestin Liberté (Paul Eluard) est parachuté sous la forme de milliers de tracts en France. Pour lutter contre la censure de l’occupant, un comité de libération du cinéma français est créé. 

Revêtir le treillis

Si certains utilisent leur art pour protester, d’autres rejoignent les forces. En 1943, René Char, surnommé ʺCapitaine Alexandre / Hypnosʺ rejoint le maquis en Haute-Provence sous occupation italienne puis allemande en 1943. Il est chargé de la réception, de la cache et de la distribution des armes parachutées dans le département. 

Jeune premier, coqueluche française à Hollywood, Jean-Pierre Aumont, exilé aux Etats-Unis dès 1940 du fait de ses origines, s'engage en juin 1943. Initialement cantonné au cinéma de propagande, il participe avec les forces françaises libres aux campagnes d’Afrique du Nord, d’Italie puis se bat en Provence. 

Jean Gabin, icône du cinéma français, est l'une des personnalités les plus emblématiques à revêtir le treillis. Il laisse croire au régime vichyste qu’il pourrait lui servir d’ambassadeur et part aux États-Unis. En 1943, il met fin à son exil hollywoodien. Il veut libérer la France. D’abord mobilisé dans la Marine nationale avant l’Armistice, il s’enrôle dans les forces navales françaises libres. 

Canonnier chef de pièce sur un transporteur-pétrolier coulé en février 1944 au large de l’Algérie, il aurait pu en rester là. Mais non content de servir comme instructeur à l’école des fusiliers marins, il intègre une unité marine, bientôt rattachée à la 2e division blindée du général Leclerc (2e DB). 

Après un départ manqué vers la France lors du débarquement en Normandie, il rejoint la rade de Brest le 4 décembre 1944. « J’étais Moncorgé [son véritable nom], il n’y avait pas plus de Gabin que de beurre en branche ! » Instructeur des recrues à Maisons-Laffitte, il profite de ses relations pour devenir chef de char (le plus vieux en service a quarante ans). 

Surmontant sa claustrophobie, il est enfin déployé à Arzviller et Saverne. Il poursuit son action au service de la libération de la poche de Royan. Il participe à l’appui des éléments de la 2e DB qui s’emparent du nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden en avril 1945. Après le conflit, il refuse tout rôle de militaire au cinéma : « La guerre c’est pas du cinéma ! »

Radio Londres

Supposée participer à l’US Open à New York et alors qu’elle est en passe de devenir numéro 1 mondiale, la joueuse de tennis Simonne Mathieu suspend ses compétitions. Elle gagne Londres quelques jours avant l’armistice de 1940. L’armée anglaise lui offre la possibilité de servir au sein d’une branche féminine ʺnon combattanteʺ : elle va contribuer à la veille sur les toits de Londres dans le cadre de la défense passive. 

Convaincue qu’il existe une place pour les femmes ainsi que l’a montré le premier conflit mondial. À partir du mois de novembre 1940, la lieutenant est chargée de la création d’un Corps féminin (français de volontaires). Les femmes y assurent diverses missions : employées de bureau, conductrices, interprètes.

Eve Curie, touche-à-tout, biographe de son illustre mère Marie Curie physicienne, met sa notoriété au service du Commissariat général à l’information français et mène une très grande tournée américaine pour convaincre l’opinion de la dangerosité du nouveau pouvoir allemand. Après l’appel du 18 juin, elle anime des ʺcauseriesʺ sur Radio Londres avant de se lancer dans un tour du monde pour établir ʺles liens de solidarité entre Alliésʺ. 

À son retour, elle s’enrôle comme soldat de 2e classe avec l’idée de servir comme infirmière. Son profil l’amène à être affectée comme agent de liaison au 3e bureau (en charge des opérations) de l’état-major du général de Lattre. Évacuée du théâtre italien suite à un accident, elle retrouve cette affectation en Bourgogne avant de rejoindre le ministère de la Guerre jusqu’à la fin du conflit.

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