Au garde-à-vous !
Texte : Tanguy de Maleissye
Publié le : 26/05/2025 - Mis à jour le : 27/05/2025.
|
Temps de lecture :
5
minutes
À l’occasion des 10 ans du Service militaire volontaire, le 10 000 e volontaire Sadyo était mis à l’honneur aux Invalides, en mai dernier. Pendant huit mois, le stagiaire va suivre des formations théoriques et pratiques dans un cadre militaire pour à terme s’insérer dans le monde professionnel.
Levés dès 6 heures du matin, les jeunes du Service militaire volontaire (SMV) font leur lit en batterie puis exécutent leurs travaux d’intérêt général (rangement et ménage des pièces communes), avant de se rassembler pour le lever des couleurs. En uniforme, ils reçoivent une éducation militaire : ils apprennent la rigueur et l’exigence. Valeurs qu’ils recherchent en s’engageant de leur propre volonté.
Dans ce parcours de formation d’une durée de 8 à 12 mois, les engagés font d’abord leur formation militaire initiale. Ce passage obligatoire dans l’institution les plonge directement dans le grand bain.
« Pendant un mois, nous sommes mis en difficulté à la fois moralement et physiquement, explique Sadyo, 10 000 e volontaire, mis à l’honneur à l’occasion des 10 ans du SMV. Les premiers jours étaient durs, mais j’ai découvert l’envie de bien faire et de réussir les épreuves que l’on me donnait. Pour l’instant c’est mon meilleur souvenir. »
Beaucoup de ces jeunes entre 18 et 25 ans ont vécu un décrochage scolaire, et n’ont pas de diplômes. « Attirés par la discipline et le dépassement de soi, ils intègrent le SMV avec l’ambition de se remettre sur le droit chemin, ajoute le commandant Valentin, directeur général adjoint de la formation du 3e régiment du SMV (3e RSMV). L’armée leur propose, en plus de compétences et certifications, un cadre et un savoir être pour les aider à s’insérer dans la société ».
Une formation pour s’insérer
Créé en 2015 et s’inspirant du Service militaire adapté (SMA) qui avait fait ses preuves en Outre-mer, le SMV accueille environ 1 500 volontaires par an, répartis dans 7 unités en France. Il a pour objectif l’insertion sociale et professionnelle durable des jeunes en difficulté.
Grâce à un apprentissage externalisé (professeurs de l’éducation nationale, entreprises privées…), ils ont le choix entre de nombreuses formations allant des métiers du bâtiment à ceux de la restauration, en passant par la logistique, la mobilité, etc. en plus d’une multitude de qualifications.
« En deuxième partie de stage, nous passons le permis, nous avons des cours de remise à niveau et de citoyenneté, nous passons le Caces (Certificat d’aptitude à la conduite en sécurité, permettant de conduire des engins de manutention)… », reprend Sadyo, entré en janvier 2025 au 3e RSMV à la Rochelle. Intégré à la formation maçonnerie, voierie et réseaux divers, il suit des cours à la fois pratiques et théoriques qui renforcent son employabilité.
« Nous les intégrons également dans des missions citoyennes ; nettoyage de cimetière, dépollution des sols de certaines villes avec les habitants, participation aux commémorations nationales, etc., poursuit son cadre. Les engagés doivent se trouver en tant qu’individu en société ». La priorité est donnée aux non-diplômés, à ceux qui ont eu des parcours compliqués, ceux qui en tireront le plus de bénéfices.
Trouver une famille
Logés en chambre de quatre, sous le régime de l’internat, les engagés créent dès les premières semaines un esprit de groupe. Beaucoup trouvent bien plus qu’une formation, ils rencontrent une famille dans laquelle ils se reconstruisent.
« Aucun stagiaire ne se ressemble. Ils ont leur caractère, leur histoire et leurs problèmes. Nous leur apprenons à vivre en unité : chacun doit pouvoir compter sur l’autre, nous leur transmettons la solidarité, la fraternité », souligne le commandant Valentin. Tous apprennent le "code du volontaire" : 9 articles dans lesquels ils trouvent et promettent de suivre les grandes valeurs de rigueur, de respect, de volonté, de solidarité et de partage. Engagement qu’ils récitent ensemble au garde-à-vous lors des grands rassemblements.
« Nous portons le même uniforme, nous ressentons tous la fierté d’appartenir au même corps, conclut le 10 000 e volontaire. Je fais des rencontres que je ne perdrai jamais et qui me portent vers le haut. » Une fierté partagée par les cadres qui ont le sentiment du devoir accompli lorsqu’ils observent la transformation radicale des jeunes au fil des semaines.