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Les soldats hors normes du CPIS

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 13/09/2023 - Mis à jour le : 20/09/2023. | pictogramme timer Temps de lecture : 10 minutes

À Perpignan, le Centre parachutiste d’instruction spécialisée forme des dizaines de soldats, triés sur le volet, à des missions de guérilla et à des opérations clandestines. Chaque année, un nouveau contingent recruté au sein de l’armée de Terre, complète les rangs de cette unité du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure. Ces agents ouvrent les portes de leur repaire tenu secret.

Nichée dans Perpignan, la citadelle du Centre parachutiste d’instruction spécialisée (CPIS) échappe aux regards. Les apparences y sont trompeuses : pas d’uniforme militaire, mais des femmes et des hommes qui vont et viennent en tenue civile. Barbe pour certains, cheveux longs pour d’autres. Rien ne laisse deviner leur fonction.

Dans le cercle fermé des services secrets, ce centre du service "action" de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), prépare les agents à des actions clandestines en zone de crise. Sa spécialité ? L'action clandestine de coercition et la guérilla dans les milieux les plus difficiles, là où les armées ou les forces spéciales ne sont pas autorisées à opérer. Des activités pour exercer une pression ou une influence sur un individu, une organisation ou un État.

Les opérations peuvent inclure du renseignement, des cyberattaques, des campagnes de désinformation... La clandestinité est un aspect essentiel chez ces soldats, qui s’acquiert lors de nombreuses formations. « Nos agents agissent hors du cadre législatif. C’est la principale différence avec les forces spéciales ou armées en général », explique le chef de corps du CPIS.

Les opérationnels évoluent en milieu parfois extrême, dans un contexte sensible. Sur place, les agents clandestins doivent gagner la confiance du partenaire. « Nous dépendons de lui et mettons nos vies entre ses mains. Ce que nous faisons est hors normes, s’enthousiasme l’adjoint au bureau opérations instruction du CPIS. Nous bénéficions d’une autonomie incomparable dans la préparation et la conduite de nos missions. »

Chacune est unique et les équipes projetées changent en permanence, selon les besoins. Les agents cumulent en général plusieurs spécialités. Leur rythme de projection s’élève à environ 200 jours par an. Tous sont destinés à devenir cadre et moniteur de combat spécialisé. Ces rendez-vous font partie du métier.

Des profils soigneusement sélectionnés

Tout le monde peut candidater pour rejoindre le CPIS, les volontaires doivent se faire connaître via leurs unités. Les stagiaires sont officiers ou sous-officiers BM2 idéalement, issus de toutes les armes.

« Présenter son dossier est déjà un acte de courage », souligne le chef de corps. Une enquête de sécurité est menée sur le candidat et son entourage, suivie par des entretiens psychotechniques et de mémoire. Il est ensuite évalué à travers des mises en situation sur le terrain. S’il est retenu, le militaire intègre la formation de 18 mois pour devenir un soldat clandestin. Elle comprend des phases d’apprentissage puis de restitution, au plus près du réel, et se conclut par une synthèse d’un mois.

Chaque stage est discriminant. Les instructeurs filent les stagiaires pour les observer sur chaque cas concret. Au final, très peu échouent, preuve que le processus de sélection au départ fonctionne. Parmi les lauréats, aucun surhomme, mais des individus au profil soigneusement sélectionné, justifiant de solides expériences opérationnelles. Rusticité, empathie, capacité à se fondre dans la population, stabilité émotionnelle, mais également mimétisme, sûreté de jugement et honnêteté intellectuelle, autant de qualités recherchées chez ces soldats qui vont devoir gérer le stress et l’isolement.

« Les personnes qui se présentent veulent donner un sens plus grand à leur engagement. Elles ne cherchent ni la reconnaissance, ni les médailles. Il n’y a pas de place pour l’ego chez nous », souligne le chef de corps. En contrepartie, ils savent qu’ils bénéficieront de moyens conséquents pour réaliser leur mission. Une perspective qui donne le sourire aux stagiaires, chaque matin, pendant leur formation.

Le saviez-vous ?

Ancien bataillon du 11e régiment parachutiste de choc, le CPIS a fêté ses trente ans en 2023.

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