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À la croisée de l’information

Texte : CNE Justine de RIBET

Publié le : 18/10/2023 - Mis à jour le : 23/11/2023. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Pour relever les défis d’une nouvelle ère stratégique marquée par l’irruption d’événements difficilement prévisibles, l’anticipation est plus que jamais nécessaire pour que les armées puissent gagner la guerre avant la guerre. C’est pourquoi la Direction du renseignement militaire a fait évoluer son organisation en développant des synergies en interne, mais aussi avec les unités de renseignement des armées. À la clé : réactivité et agilité. Explications.

Au cœur du pentagone parisien, dans le 15e arrondissement, labyrinthe de couloirs aux multiples portes, sont installés les bureaux de la DRM. C’est ici que la magie du renseignement opère. Et pour ce faire, la Direction peut compter sur ses centres de production du renseignement d’intérêt militaire : les plateaux.

Créés en septembre 2022, il en existe 7 qui se répartissent en différentes zones et thématiques d’intérêts. Sur chaque plateau, on retrouve, rassemblés en un même lieu, des moyens de commandement, d’orientation, de recherche et d’analyse qui apportent au chef d’état-major et aux forces en opérations, le renseignement d’intérêt militaire nécessaire pour éclairer leurs prises de décision et leurs actions.

« Nous sommes constamment dans le cœur battant de l’actualité », explique le colonel Rémy, chef d’un plateau en charge du suivi de la guerre en Ukraine. Chaque plateau bénéficie également de l’expertise en temps réel du centre nerveux de la chaîne de commandement opérationnelle française, le centre de planification et de conduite des opérations.

« Un écosystème solide »

Pour produire son renseignement, chaque plateau s’appuie quotidiennement sur les capteurs propres de la DRM, sur le savoir-faire des unités de la Fonction interarmées du renseignement (FIR) qui fournissent leur expertise de milieu, ainsi que sur la communauté française du renseignement, et notamment les services du premier cercle.

Les services de renseignement alliés constituent également des interlocuteurs de choix, au quotidien, avec lesquels la DRM « échange » du renseignement basé sur la confiance et la réciprocitéNotre rôle est d’animer ce réseau et de les orienter, souligne le colonel Rémy. Un plateau ne vit pas dans sa bulle, il décuple ses capacités en s’appuyant sur un écosystème solide. »

C’est le cas avec les moyens de la FIR, partenaire majeur. Celle-ci regroupe le Commandement du renseignement des forces terrestres, les unités de renseignement de l’armée de l’Air et de l’Espace et de la Marine nationale, le Commandement de l’Espace, le Commandement des opérations spéciales et le Commandement de la cyberdéfense. De par leur mission et leur expertise, ces unités sont présentes en opérations extérieures comme sur le territoire national apportant une force de frappe considérable.

« Au plus près des besoins »

La DRM possède évidemment ses propres capacités de recueil du renseignement. À seulement trente kilomètres de Paris, sur la base aérienne de Senlis-Creil, les centres-experts du renseignement d’origine image, électromagnétique, humain et cyber œuvrent dans une zone protégée, à l’abri des regards.

« La mission du centre est d’être en appui dynamique des différents plateaux au plus près des besoins. Nous exerçons à la fois un rôle de conseil des plateaux pour orienter au mieux la recherche et un travail de production, pour répondre aux questions qu’ils se posent », explique le colonel Lionel, chef du Centre de formation et d’interprétation interarmées de l’imagerie (CF3I).

Les centres ont d’ailleurs eux aussi fait évoluer leur fonctionnement. Depuis un an, des opérateurs de Creil sont détachés à Paris et intégrés directement aux différents plateaux, en front office. Résultat : les échanges sont plus fluides, l’information et les ordres circulent plus rapidement.

Cette nouveauté apporte une plus grande réactivité et améliore le recueil de renseignement. « Si demain, un nouveau conflit apparaît, le plateau fixera les priorités et le CF3I saura réorienter nos capteurs, si nécessaire, pour concentrer des ressources sur le sujet chaud du moment, ajoute le colonel Lionel : « Nous nous adaptons à l’actualité et aux besoins de nos autorités : cela rythme notre quotidien. »

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