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Innover pour le combattant de demain

Texte : CNE Justine de RIBET

Publié le : 23/02/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

L’explosion des nouvelles technologies ne cesse de faire évoluer l’équipement du soldat. Au sein de l’armée de Terre, le 54e régiment de transmissions innove pour alléger le paquetage et le matériel de ses transmetteurs qui atteint parfois soixante kilos. Plusieurs projets de l’unité ont déjà été primés et sont suivis avec attention par l’agence de l’innovation de Défense.

La cellule innovation du 54e RT

Les innovations émergent souvent après un retour d’opération extérieure ou un terrain d’entraînement. Au 54e régiment de transmissions (54e RT), certaines voient le jour grâce au regard neuf des nouveaux venus, d’autres comblent tout simplement un vide. Afin de rassembler les bonnes idées et de projeter sur le devant de la scène les plus prometteuses, le chef de corps a créé, en 2022, la cellule innovation.

En charge d’orienter et de faciliter les démarches, elle accompagne les inventeurs et met à disposition l’expertise de son personnel. Du développement de solutions d’entraînement métier aux projets de lutte informatique offensive, le régiment compte, sur l’année 2023, plus de six projets validés par l’agence de l’innovation de défense (AID). Acacia, BA2D et Jericho en font partie.

Acacia

Un ordinateur embarqué, une paire de lunettes 3D et une tablette tactile constituent, entre autres, l’aide du combattant au contact à l’informatique et à l’acquisition (Acacia). Imaginée par l’adjudant-chef Louis, alors instructeur au 54e RT, cette innovation permet de projeter l’affichage d’un ordinateur directement dans les lunettes, évitant ainsi la projection de lumière autour du combattant.

Gain de temps et de discrétion pendant les phases de progression nocturne, robustesse et étanchéité, autonomie et légèreté, sont autant d’avantages proposés par Acacia. Le dispositif supporte également les contraintes opérationnelles telles que les vibrations, la rusticité de l’environnement ou encore les variations de température. Aujourd’hui, grâce à l’ajout de logiciels de guerre électronique, il permet de traiter les informations en temps réel.

Voué à être utilisé par toute l’armée de Terre, il ne cesse d’évoluer. Prochainement, le soldat avancera sans retirer ses lunettes grâce à l’ajout d’une caméra. L’adjudant-chef Louis a réussi le pari d’élaborer une innovation rustique et à la pointe de la technologie qui a reçu en 2022, le prix de l’Audace, décerné par l’AID.

Le boîtier d’action et de détection de drone (BA2D)

Et si un objet de la taille d’une carte de crédit pouvait détecter un drone et aider le combattant de demain ? Le boîtier d’action et de détection de drone (BA2D) imaginé par le sergent David en 2023 pourrait répondre à cette problématique. Tout droit sorti de la première promotion du BTS Systèmes Numériques Informatique et Réseaux option “Cyberdéfense” de Saint-Cyr l’École, le sous-officier s’est basé sur sa formation et l’expertise en spectre électromagnétique du régiment, pour concevoir le projet.

Grâce à ce capteur miniature, le soldat détectera les éventuels drones ennemis quel que soit le type d’environnement dans lequel il progresse, comme par exemple une forêt dense. L’avantage : pas de poids supplémentaire. À cela s’ajoute un deuxième volet : la lutte informatique offensive.

À long terme, l’innovation sera en mesure de compromettre le lien entre l’aéronef et son télé-pilote, en d’autre termes, le neutraliser. Moins coûteux qu’un procédé civil, le BA2D pourrait être produit en quantité afin d’être déployé au sein des différents régiments de l’armée de Terre.

Jericho

Outre les innovations au profit de l’opérationnel, les idées pour améliorer la formation trouvent également leur place. Connu pour faire de l’interception et de la localisation, le 54e RT est maître de sa formation. Néanmoins, générer un réseau ennemi nécessite un grand nombre d’instructeurs. Aujourd’hui, pour une dizaine de stagiaires, dix-huit formateurs sont mobilisés. Jericho entre sur les ondes pour répondre à cette problématique.

Constitué d’un micro-ordinateur, il est capable d’émettre un signal radio, wifi ou autre. L’objectif est de développer plusieurs boîtiers interconnectés entre eux via un réseau mesh. Une partie du pilotage se fait à distance réduisant considérablement l’effectif d’instructeurs nécessaires. Ces derniers pourront alors suivre chaque patrouille et apporter, en direct, leur expertise.

Cette innovation permettra de dispenser une formation de qualité. Prochaine étape : générer via l’intelligence artificielle des scénarios capables d’évoluer et de s’adapter à l’environnement, comme à la situation.

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