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Entretenir le souvenir au musée de l'Officier

Texte : Tanguy de Maleissye

Publié le : 16/05/2025 - Mis à jour le : 27/05/2025. | pictogramme timer Temps de lecture : 4 minutes

Le musée de l’Officier de l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan abrite plus de trois siècles d’histoire. Une mémoire entretenue grâce à un travail de conservation, de valorisation et de transmission auprès des élèves comme du grand public.

Parmi les 2 500 objets exposés, la sobre, mais néanmoins mythique, coiffe de Napoléon Ier créateur de Saint-Cyr trône dans le musée de l’Officier, temple de la mémoire au cœur de la célèbre forêt de Brocéliande. Ce dépôt de grande valeur en provenance du musée de l’Armée a été ajouté à l’inventaire, réalisé tous les dix ans par le conservateur du lieu et son équipe.

En tout, plus de 6 500 objets issus de la réserve sont récolés, c'est à dire inventoriés sur le registre du musée, permettant ainsi de nommer et de dater l’histoire des officiers de l’armée de Terre depuis le dix-huitième siècle. Un travail long et fastidieux

« Le ministère des Armées étant le deuxième acteur culturel de l’État, notre travail contribue à faire vivre notre patrimoine, explique le lieutenant-colonel Pierre, conservateur. Le musée inventorie, conserve et valorise les objets qui font le passé de l’officier. » Créé en 1912 à Saint-Cyr l’École, bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale puis déplacé en 1947 à Coëtquidan en Bretagne, le musée de l’Officier est aujourd’hui le plus ancien musée de l’armée de Terre.

Le saviez-vous ?

C’est au Second Empire que le public est vraiment pris en compte et que les musées acquièrent un statut d’institution à part entière.

« Mûrir leur engagement »

Deux grands espaces se distinguent dans la visite : un premier, au rez-de-chaussée, présente les nombreuses promotions de l’Académie et la majestueuse statue "La France" d’Antoine Bourdelle. Dans une des grandes niches, les élèves de l’École militaire interarmes (EMIA) ont déposé en novembre dernier l’insigne de leur promotion ʺCeux du Sahelʺ. 

Ils rendent ainsi hommage aux 59 soldats morts lors des opérations Serval puis Barkhane. À l’étage, sont exposés les grandes figures des officiers comme celles d’officiers moins connus, l’évolution des uniformes et de l’armement sous la forme d’une fresque chronologique évoquant le passé héroïque et parfois tragique des militaires depuis l’Ancien Régime jusqu’à nos jours. 

Dans leur cursus, tous les jeunes officiers passent dans les galeries pour mûrir leur engagement. Chacune des trois écoles de l’AMSCC (l’École spéciale militaire, l’EMIA et l’École des aspirants de Coëtquidan) apporte, lors d’une cérémonie traditionnelle, l’insigne de son parrain de promotion. Ils entretiennent ainsi la mémoire des hommes qui ont marqué le commandement militaire. « La connaissance du passé permet de s’inscrire dans une histoire commune et renforce le sentiment d’appartenance », ajoute le conservateur. 

À travers des visites guidées, les étudiants développent un esprit de corps et de cohésion, indispensable au commandement. Ils mûrissent leur engagement grâce à l’histoire, à des valeurs de fraternité d’arme comme à chaque génération.

« Entretenir le lien »

Les nombreux objets présentés parlent au visiteur. Pour le lieutenant-colonel, l’une des pièces les plus émouvantes est une paire de jumelles percée d’une balle. Appartenant au commandant Paul Sallerain, elle lui a sauvé la vie sur un champ de bataille de la Première Guerre mondiale, mais il est resté aveugle. Après la guerre, il maintient son engagement dans l’armée et enseigne l’histoire à Saint-Cyr. Cette pièce ne laisse personne indifférent parmi les 15 000 visiteurs par an, surtout chez les jeunes. 

Le musée est aussi un outil pédagogique et de transmission auprès du public. Des rencontres sont organisées pour les élèves des collèges et lycées des environs. L’objectif est de faire découvrir l’armée de Terre à travers son histoire.

« Le musée entretient le lien essentiel entre la Nation et son armée. Nous développons des partenariats réguliers avec d’autres musées pour partager des objets ou en faire venir de nouveaux », indique le lieutenant-colonel Pierre.

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