« Nous sommes en l’An I de l’armée de Terre de combat »

La matrice compétition, contestation, affrontement nous impose d’être prêts à tout type d’escalade, jusqu’au conflit majeur. C’est tout le sens de la transformation. La possibilité d’une montée aux extrêmes face à des adversaires symétriques remet au cœur de nos engagements la maîtrise du niveau opératif, c’est-à-dire celui du corps et de la division. Leur vocation, c’est de prendre l’ascendant dans la profondeur, pour modeler l’ennemi et créer ainsi les conditions du succès du combat de contact que mèneront les brigades. 

Simple à dire, plus exigeant à mettre en œuvre, car cela revient à rétablir toute une géographie du champ de bataille devenue très théorique quand l’essentiel de nos opérations était centré sur de la gestion de crise. Et il ne s’agit pas de ressusciter les années 1980, car il faut y intégrer la révolution des données numériques et l’équation du multi-domaine, en particulier l’hybridité et l’influence.

Prenant acte de cette nouvelle donne opérationnelle, le modèle ʺde combatʺ se traduit d’abord pour la force opérationnelle terrestre par la contextualisation de leurs structures : création du commandement terre Europe, régionalisation des divisions, sectorisation des brigades et création des commandements Alpha, véritables incubateurs des capacités clés en appui du combat du corps et des divisions : la profondeur, les actions indirectes, la maîtrise de la zone arrière.

Voilà pour la lettre. S’agissant de l’esprit, les deux divisions seront orientées sur les logiques essentiellement opérationnelles de la régionalisation, tandis que les brigadiers, échelons de cohérence de l’armée de Terre, seront au cœur du dialogue entre les régiments, les grands états-majors et les organisations administratives. Tant dans la vie courante que dans la préparation opérationnelle, les brigadiers disposeront des leviers pour prendre soin de ce qu’il y aura toujours de plus précieux : les femmes et les hommes qui y servent.

La manière dont les forces terrestres vont poursuivre cette mue vous est présentée dans le dossier : maîtrise du combat des grandes unités, renforcement de la subsidiarité et culture du résultat, poursuite de la transformation Scorpion et appropriation des capacités nouvelles, en particulier des drones, développement des partenariats avec les pays susceptibles de s’engager au combat avec nous et, last but not least : maintien d’un juste équilibre entre l’efficacité opérationnelle et le modèle humain, tant pour l’active que la réserve.