Partager l'article

Adjudant Mikaël, chef de cellule recrutement RSMA

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 12/09/2022 - Mis à jour le : 24/09/2022.

Au régiment du service militaire adapté de Guyane, l’adjudant Mikaël poursuit sa deuxième année à la tête de la cellule recrutement de Saint-Jean du Maroni. Loin des idées préconçues, il dépeint une mission pleine de sens, dans un territoire à la richesse culturelle unique.

L’adjudant Mikaël a la Guyane dans la peau. Après deux ans passés au régiment du service militaire adapté (RSMA), il a demandé à rester une année supplémentaire. Le séjour était une évidence pour ce père de deux enfants, rompu au rythme régimentaire soutenu et aux absences répétées. « Je souhaitais retrouver une stabilité familiale  », explique-t-il.

S’il était volontaire pour servir en RSMA, la Guyane ne faisait en revanche pas partie de ses choix. « Quand l’annonce est tombée, le soutien de ma compagne a été capital, souligne-t-il. En tant que marsouin, une mission ne se refuse pas, quelle que soit la destination. » Placé à la tête de la cellule recrutement de Saint-Jean du Maroni, il découvre un nouveau métier et des responsabilités bien loin de sa première partie de carrière dans les Troupes de marine.

Contre toute attente, il se révèle dans cette affectation, où la dimension humaine prend tout son sens : « Recruter des jeunes en décrochage scolaire pour les insérer dans la société et dans l’emploi est une mission utile et concrète, à laquelle on ne peut qu’adhérer », assure-t-il.

Le RSMA offre aux volontaires stagiaires qui s’engagent, la possibilité d’un nouveau départ dans la vie. Via les formations proposées, ils réapprennent le goût de l’effort, reprennent confiance en eux et rétablissent le contact social grâce à la vie en collectivité.

Un cadre et un rythme de vie

Le RSMA s’appuie sur des soldats issus le plus souvent des forces opérationnelles, avec une expérience en encadrement, comme Mikaël. Ces derniers transmettent aux jeunes générations les valeurs militaires qu’ils pourront transposer au monde du travail : rigueur, discipline, ponctualité. « Nous avons affaire à une jeunesse désorientée, qui n’a pas forcément reçu l’éducation, ni les codes pour s’insérer dans la société moderne », précise-t-il.

En s’engageant au RSMA, les volontaires stagiaires découvrent un cadre et un rythme de vie qui leur manquent au quotidien : se lever chaque matin à l’heure pour suivre leur formation, participer aux tâches communes, etc. Une « militarité » qui fait la force du régiment.

Au 1er régiment d’infanterie de Marine, qu’il intègre en 2006, l’adjudant effectue plusieurs missions (Djibouti, Nouvelle-Calédonie, Tchad) et un premier séjour au Gabon. Il s’ouvre ainsi à d’autres cultures. En 2015, il encadre des classes en centre de formation initiale militaire (CFIM). Une expérience qu’il compare à celle du RSMA. « L’approche est différente ici. On ne forme pas des combattants comme en CFIM. Il faut en être conscient dès le départ », affirme le sous-officier.

« Le régiment leur a sauvé la vie »

Par sa diversité culturelle la Guyane est unique. Vingt ethnies s’y côtoient. Mikaël en est convaincu, la jeunesse guyanaise est pleine de ressources, pour peu que l’on s’intéresse à elle et qu’on aille à sa rencontre. D'ailleurs, ses premiers contacts avec les Amérindiens lui rappellent les tribus de Nouvelle-Calédonie. « Ils sont très réservés de prime abord. J’ai tout de suite su que je devais instaurer le dialogue. »

Entretenir le lien, être à l’écoute et venir en aide si possible, sont autant de raisons qui lui permettent d’ouvrir des dossiers de recrutement. L’adjudant a toujours aimé être au contact des jeunes. Joueur et entraîneur de rugby dans le civil, il s’inscrit dès son arrivée en Guyane au club de Saint-Laurent du Maroni et devient coach des enfants de moins de dix ans. Investi dans les associations, il rencontre la population jusque dans les quartiers les plus sensibles.

Il n’est pas rare que d’anciens volontaires stagiaires du RSMA l’abordent pour le remercier. Une majorité d’entre eux garde un bon souvenir de son passage dans l’unité. « Le régiment leur a sauvé la vie. Sans lui, leur existence aurait pris une autre tournure », affirme-t-il.

Mikaël a choisi de ne pas rentrer en métropole durant ces trois années pour profiter au maximum du territoire. Il l’assure, il resterait en Guyane avec sa famille s’il était en fin de carrière et pense déjà y retourner après son départ. « On vient à reculons mais une fois sur place on n’a plus envie de repartir », conclut-il. 

À lire aussi

Fabien Galthié a passé une semaine avec le XV de France en immersion chez les légionnaires.

L'armée de Terre vue par...

Aujourd’hui civil, Julien a été projeté trois fois en Afghanistan. Une expérience marquante.

Témoignages

Édito du général Jean-Marc Chatillon, commandant la formation de l'armée de Terre.

Le mot du chef