Major Claude, chancelier
Une fonction à toute épreuve
Texte : CNE Eugénie LALLEMENT
Publié le : 13/05/2023 - Mis à jour le : 08/07/2024. | Temps de lecture : 5 minutes
Le major Claude sert l’Institution depuis plus de vingt ans, comme chancelier. Notations, avancement, discipline, mais aussi décorations, un panel d’expertise qui l’amène à jouer un rôle primordial de conseiller auprès de ses chefs. Depuis 2021, il sert au sein de la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre à Tours. Portrait d’un sous-officier engagé.
« Le chancelier tient une place privilégiée et stratégique auprès du chef », assure le major Claude. Après vingt-six ans de métier, son sens de l’engagement est resté intact. Affecté depuis 2021 au bureau chancellerie de la Direction des ressources humaines de l'armée de Terre à Tours, ce quadragénaire réalise des travaux techniques au profit des autorités militaires de deuxième niveau (brigade) et des “têtes de chaîne”. Pour atteindre ce poste, il a gravi tous les échelons.
Originaire de Tahiti, il est appelé du contingent en 1997. Rapidement propulsé semi-direct, il sert au Collège interarmées de Défense (aujourd'hui Ecole de guerre) à Paris comme secrétaire, puis adjoint au chancelier Terre, de 2002 à 2006. « C’est là que j’ai découvert le métier », souligne-t-il. Le domaine le passionne. Notations, avancement, décorations ou encore discipline, la profession exige rigueur et discernement. « Le chef s’appuie sur les conseils prodigués par son chancelier pour rendre sa décision. Ce n’est pas sans conséquence pour une carrière », précise-t-il.
Jeune sous-officier désireux de rejoindre un régiment, il est affecté au 8e régiment de parachutistes d’infanterie de Marine (8e RPIMa) à Castres. « Être chef comptable en compagnie m’a permis de côtoyer tout le monde. C’est important de connaître les individus dont on tient les dossiers entre les mains », ajoute-t-il.
« Cette expérience m’a fait mûrir »
Au 8e RPIMa, alors adjoint au chancelier, il vit l’évènement le plus marquant de sa carrière : en août 2018, l’embuscade d’Uzbeen en Afghanistan fait huit victimes dans son unité. Resté en base arrière, le major Claude est seul au bureau chancellerie. En plus des nombreuses missions qui lui incombent, il répond aux différentes sollicitations des familles, des états-majors et des médias. « La cellule de crise et le bureau environnement humain n’existaient pas tels qu’on les connaît aujourd’hui. La RH et la chancellerie étaient des interlocuteurs privilégiés, relève-t-il.
Il prend alors conscience de la sensibilité du poste. Cette expérience m’a fait mûrir dans mon travail et surtout relativiser. Désormais je sais quelles actions mener en cas de décès et faire la part des choses entre une urgence vitale et les autres », ajoute-t-il. Il a d’ailleurs gardé le réflexe de lire le dispositif mis en place en cas de crise dans chacun des régiments dans lesquels il se rend.
« Être chancelier requiert une grande disponibilité »
En 2010, il poursuit son parcours en séjour à Djibouti, comme chancelier en titre, avant de retrouver les troupes aéroportées au 3e RPIMa. En 2017, il part avec l’échelon national d’urgence pour l’opération Irma. « C’était mémorable. Même s’il s’agissait d’un contexte humanitaire, cela reste notre vocation », se souvient-il.
S’ensuivent alors deux projections, au Sahel et en Côte d’Ivoire, avant d’être affecté sur l’île de La Réunion. « Être chancelier requiert une grande disponibilité, car on peut être appelé à tout moment en cas d’évènement particulier, surtout en régiment. Il faut se remettre constamment en question, car les textes évoluent vite de nos jours. C’est un métier où l’on s’occupe des autres avant soi-même », affirme le major.
Cette préoccupation de l’autre, le parachutiste la retrouve aussi dans son rôle de président des sous-officiers, une fonction occupée depuis avril 2022. Ce sont près de 400 sous-officiers répartis sur Tours, Balard et Vincennes qui comptent sur lui.