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L'IA, accélérateur de particules

Texte : Adjudant-chef Thomas-Trophime

Publié le : 24/07/2025. | Temps de lecture Temps de lecture : 5 minutes

L’usage de l’intelligence artificielle dans l’armée de Terre marque une révolution. L’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense, créée en mai 2024, joue un rôle central dans cette intégration en développant des solutions technologiques avancées. Celles-ci contribuent à améliorer la prise de décision comme l’explique son directeur, Bertrand Rondepierre.

Pourquoi l’armée de Terre doit-elle se doter de technologies IA ?
 

L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’armée de Terre est essentielle pour plusieurs raisons. D’abord, le numérique prend une place croissante dans notre quotidien comme dans les conflits modernes. Cette évolution aboutit dans un premier temps à une plus grande transparence du champ de bataille. 

En revanche, la multiplication des capteurs et la masse de données générée donne une complexité numérique du terrain. La capacité d’analyse et d’interprétation de l’IA permet justement de lever le voile sur ce brouillard alternatif. 

Elle apporte aux décideurs une meilleure compréhension de la situation et de l’environnement des opérations pour qu’ils puissent prendre des décisions plus rapides. De plus, de nombreux compétiteurs disposent de cette technologie et la renforcent. Il est donc capital de ne pas être en retard dans ce domaine.

 

Quels sont en les domaines d’application dans l’armée de Terre ? 

L’IA peut “robotiser” certaines tâches, libérant ainsi les soldats pour des missions à plus forte valeur ajoutée. Par exemple, elle peut être utilisée pour la transcription de communications radio, ou encore l’automatisation de certaines fonctions des véhicules blindés telles la détection et l’identification de cibles. 

Elle peut aussi être employée pour analyser des données provenant de différentes sources, telles que l’imagerie et l’acoustique, pour fournir une vue d’ensemble plus complète du champ de bataille. En outre, l’IA peut être intégrée à des systèmes de simulation pour améliorer l’entraînement des unités et tester de nouvelles tactiques et manœuvres.

 

Le saviez-vous ?

L’AMIAD passera de 100 agents en 2024 à 300 agents à l’horizon 2026 (250 au pôle technique et 50 au pôle recherche).

Quelle est la mission de l’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (AMIAD) et comment collabore-t-elle avec l’armée de Terre ? 

L’AMIAD, créée en mai 2024, a pour mission principale d’accélérer l’intégration de l’IA dans les forces armées. Les équipes sont réparties entre le pôle technique situé à Bruz, près de Rennes, et le pôle recherche à Palaiseau sur le campus de l’École polytechnique. L’agence a vocation à internaliser l’expertise nécessaire pour développer les projets en IA, et construire des partenariats avec les acteurs IA de la défense et du monde civil. 

Son objectif est de fournir des solutions technologiques avancées dans ce domaine afin d’améliorer la supériorité opérationnelle des forces armées. La coopération avec l’armée de Terre se concrétise à travers des initiatives conjointes, des démonstrations technologiques et l’insertion de militaires. 

L’AMIAD collabore avec le Commandement du combat futur et la Section technique de l’armée de Terre pour développer des systèmes et des matériels adaptés aux besoins actuels et futurs. Des référents terriens sont incorporés à nos équipes. Ils facilitent les échanges et la compréhension entre l’agence et le monde militaire. Ils font le tour des unités pour présenter l’AMIAD et recenser les idées et les besoins en matière d’IA.

 

Comment l’AMIAD et l’armée de Terre construisent-elles ensemble les solutions d’IA pour les conflits futurs ? 

La co-construction entre l’AMIAD et l’armée de Terre repose sur une approche collaborative et itérative. Nous travaillons pour identifier les besoins opérationnels et mettre au point des solutions technologiques. Cette collaboration inclut des tests sur le terrain, des retours d’expérience des utilisateurs ainsi que des ajustements continus pour améliorer les performances des systèmes d’IA. 

L’objectif est de créer des technologies robustes et flexibles qui puissent évoluer rapidement. Exemple : le canon Proteus. Dédié à la lutte anti-drone, l’arme de calibre 20 mm, équipée de technologies d’IA, peut suivre et engager des cibles mobiles avec une grande précision. Ce projet a été conçu en seulement 12 mois. 

Cette approche permet de créer des solutions innovantes en phase avec les défis opérationnels en cours et à venir, tout en assurant une introduction fluide des technologies d’IA dans les forces armées.

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