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Valeurs et forces morales

Texte : Benjamin TILY - LCL Mathieu JUTTET

Publié le : 14/05/2024.

Face au retour de la guerre en Europe et à l’émergence de nouvelles menaces, l’armée de Terre se réorganise pour être capable de faire face aux combats les plus durs. Dans ce contexte marqué par l’incertitude, elle peut s’appuyer sur des valeurs et des forces morales qui de tout temps, ont fait sa force. Dans ce dossier, Terremag explore le rôle crucial du commandement, des formations initiales et du savoir être, soulignant l’importance des valeurs comme guide pour les militaires qui, chaque jour, incarnent et défendent la France.

« La raison d'être des valeurs est opérationnelle »

Pour mieux comprendre le sens et la force de nos valeurs, la rédaction de Terremag a rencontré le général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre.

Quelles sont les valeurs propres à l’armée de Terre ?

Le terme de "valeur" est parfois galvaudé. C’est un terme auquel les soldats sont pourtant très attachés. L’armée assure la défense de la Nation par la force des armes. Les valeurs de l’armée de Terre sont donc d’abord celles de la France : Liberté, Egalité, Fraternité.

Elles sont des idéaux auxquels on adhère au-delà des contingences particulières. Elles représentent ce au nom de quoi les soldats sont prêts à prendre des risques et à mourir. En complément, les armées et leurs soldats développent les valeurs singulières de l’état militaire. Elles sont liées à la finalité de l’engagement guerrier : la disponibilité, l’esprit de sacrifice, le courage, la discipline, la loyauté et l’esprit de corps.

Les armées et l’armée de Terre n’ont pas l’exclusivité de ces valeurs. Elles les vivent toutefois avec une intensité particulière car elles savent qu’elles peuvent risquer la vie des soldats en leur nom, pour une seule finalité : le succès des armes de la France.
 

En quoi donnent-elles du sens au métier de soldat ?

L’état de soldat est singulier. Il l’est par le mode de vie qu’il implique. Il l’est surtout par sa finalité qu’est la guerre et ses corollaires : la disponibilité jusqu’à donner sa vie, la mort donnée ou reçue, l’impératif de vaincre. Les valeurs militaires sont collectives et individuelles. Ce sont des valeurs d’action qui mobilisent pour mettre en mouvement (la volonté), qui donnent du sens en mettant en perspective (l’intelligence) et qui s’appliquent en produisant des effets (l’efficacité).

Le sens est primordial pour le soldat. Il est la raison de son engagement initial, le carburant de sa disponibilité quotidienne et l’indispensable boussole au jour des combats. Il est propre à chacun, mais il repose sur le socle de valeurs partagées que l’armée de Terre formalise dans le code du soldat.
 

Le sens est important pour les unités de l’armée de Terre. Les valeurs collectives se lisent dans les plis des drapeaux et étendards des régiments, des emblèmes des compagnies, escadrons et batteries, dans les commémorations des faits d’armes et sur les monuments de nos casernes.
 

Comment nos valeurs contribuent-elles à notre efficacité collective ? ?

La légitimité des valeurs militaires est opérationnelle. Elles construisent la force morale d’une unité. Elles offrent des repères pour demeurer lucide et droit. Dans la violence d’un affrontement armé, les ressorts intérieurs sont indispensables pour agir malgré la peur et les risques.

Les valeurs appellent à transcender les difficultés et les périls. Qu’est-ce qui a fait tenir le Poilu dans sa tranchée ? La camaraderie, la loyauté, le sentiment d’appartenir à une communauté de destin et d’œuvrer à un bien commun qui le dépassait. Les soldats français sont les dépositaires de la force de la Nation. Ils ont le devoir de l’employer avec toute l’énergie nécessaire. Ils ne sont pas des mercenaires sans attaches et sans boussole. Les valeurs nourrissent un esprit guerrier alliant loyauté, détermination et audace.

Elles rappellent au soldat que son objectif est de vaincre ; qu’il n’a pas d’obligation de moyens mais de résultat. Pour qu’un groupe d’hommes et de femmes devienne une unité de combat, il doit être uni par des valeurs partagées. Ce ciment crée les conditions d’une fraternité d’armes au quartier, à l’entraînement ou en mission. Elles sont indispensables pour entretenir la cohésion de l’unité et la discipline dans le succès, les difficultés ou les échecs.

Les jeunes générations sont-elles attachées aux mêmes valeurs ? Ont-elles une approche différente ?

Les générations se succèdent. Chacune a des caractéristiques dépendant du contexte dans lequel elle a grandi. Il est tentant de lui attacher un qualificatif : génération Y, génération portable, génération Covid, etc.
Pour ma part, j’ai une confiance totale dans la jeunesse de notre pays. Au-delà de ce qu’elle est lorsqu’elle franchit nos portes, l’important est ce qu’elle veut devenir.

Pour la côtoyer au sein de l’armée de Terre, j’ai la conviction qu’elle n’a rien à envier aux générations antérieures. Si notre pays devait être confronté à une menace majeure, je suis persuadé que les jeunes Français nous rejoindraient et serviraient avec le même dévouement et le même esprit de sacrifice que ceux de Verdun, de Bir Hakeim, des Vosges, d’Indochine ou d’Afghanistan.

Que penser des témoignages révélant des cas de harcèlement dans les armées ?

L’armée de Terre est une communauté. Sa force repose sur la qualité des hommes et des femmes qui la composent et sur leur capacité à combattre ensemble, côte à côte, en confiance. Le Code du soldat l’affirme : membre d’une communauté soudée par l’esprit de corps, je respecte tous mes frères d’armes.

Toute situation de harcèlement est une blessure à la cohésion. Elle est une faute contre l’esprit. Elle comporte aussi une part de risque opérationnel, si des puissances étrangères voulaient s’en servir pour décrédibiliser ou manipuler. Elle est inadmissible.

Les femmes qui servent dans l’armée de Terre ont été sélectionnées, formées et entraînées. Elles franchissent sans favoritisme les étapes d’une carrière. Nous avons besoin d’elles à chacun des postes qu’elles occupent : des fonctions d’exécutant aux plus hautes responsabilités. J’assure les soldats, femmes et hommes, qui servent dans l’armée de Terre de ma confiance.

Je leur demande à leur tour de faire confiance à l’institution, de contribuer de toute leur force et de toute leur intelligence à la cohésion de leurs unités, de développer la fraternité d’armes qui élève, de ne pas tolérer l’humiliation qui abaisse.

Comment décririez-vous cette situation ?

Je distingue trois situations différentes. La première regroupe les actes d’agression, de harcèlement, délictuels ou criminels, passibles de sanctions pénales. La seconde relève de la moquerie et de la vexation, ou d’une attitude blessante visant à dénier à une femme ses qualités militaires et professionnelles ; il s’agit de dérives souvent liées à l’immaturité ou aux effets de groupe.

La troisième concerne davantage les chefs ; elle consiste en un déni ou une faiblesse minimisant les écarts de conduite, considérant qu’il « n’y a pas de sujet », voire les cautionnant. Dans ce domaine, aucun écart ne peut être toléré ; les débordements sont à punir, les tentatives pour couvrir de tels agissements sont à sanctionner, les victimes sont à défendre.
 

Comment abordez-vous le sujet de la mixité dans ce contexte ?

Mon premier constat est que la mixité est un atout. Dans la société comme dans nos forces, la complémentarité entre hommes et femmes est à valoriser. Une erreur consisterait à les nier et à uniformiser à l’excès les parcours, les formations ou les barèmes.

D’un point de vue opérationnel, regardons le conflit ukrainien : sur ce théâtre où l’Ukraine joue sa survie ou au moins sa liberté, c’est l’engagement de la Nation qui porte l’esprit de défense. La communauté nationale, hommes et femmes, est soudée dans la lutte d’une armée à son image. Pour autant, je ne sous-estime pas les défis posés par la mixité. Commander et faire travailler ensemble des hommes et des femmes de vingt ans est un défi.
 

Les rapports de subordination et les rapports entre pairs ne vont pas de soi. Ils doivent faire l’objet d’une éducation, d’une formation et d’un encadrement spécifiques, notamment en ce qui concerne nos jeunes chefs.
Cette question a toute sa place dans un dossier portant sur les valeurs.

L'enseignement des valeurs à Saint-Cyr

L’École spéciale militaire de Saint Cyr accueille chaque année les lauréats de concours universitaires parmi les plus sélectifs de France. La réputation d’excellence qui lui est attachée n’est pas qu’un héritage du passé. Elle est fondée sur une scolarité moderne et d’exception qui dépasse les seuls apprentissages académiques et militaires en visant une véritable éducation
militaire fondée sur les valeurs de l’armée de Terre.

« Ils s’instruisent pour vaincre. » La devise qui unit les trois bataillons de L’École spéciale militaire (ESM) illustre les valeurs reçues des promotions passées et met en exergue le dévouement, le dépassement de soi et la finalité opérationnelle. Ces trois valeurs entrent en résonance avec les enjeux de défense actuels et placent les jeunes officiers qui sortent de l’ESM dans les rangs des officiers prêts au combat.

La formation au commandement commune aux trois écoles d’officier présentes à Coëtquidan vise à relever 4 défis : celui de l’humanité, de la combativité, de l’autorité et enfin celui de la complexité. Ces défis correspondent aux étapes d’une formation complète d’un officier de l’armée de Terre et rendent concrète l’ambition de former des futurs chefs aptes à servir les armes de la France dans les conflits les plus durs. Relever ces défis ne peut pas se réduire à telle ou telle activité, tel ou tel cours, tel ou tel amphithéâtre.

Le processus de formation procède, dans cette dimension et en premier lieu, d’une maturation qui requiert du temps. La scolarité de l’ESM se déroulant en trois années, chaque année de scolarité se voit associer un thème permettant d’appréhender les quatre défis de façon progressive. Ainsi la première année est celle du soldat, c’est-à-dire celle des apprentissages de base. Elle est fondée sur le constat simple qu’un bon chef est avant tout un subordonné fiable.

La discipline trouve ainsi toute sa place au cours des premiers mois dans l’institution pour ceux qui porteront demain la responsabilité de faire appliquer avec vigueur les règlements. Puis vient l’année du chef, tournée vers l'appréhension de l’impératif, pour chaque élève-officier, de se hisser au niveau de celui qui commande par l’exemple : rigueur, autorité et allant. Enfin, la dernière année est celle de l’officier ouvrant sur l’acquisition de l’autonomie et l’aptitude à donner du sens et à agir avec intelligence et efficacité dans des environnements et situations les plus complexes.

L’histoire des plus de 10 000 saint-cyriens « Morts pour la France » caractérise ce supplément d’âme saint-cyrien par les valeurs d’enthousiasme, de générosité, d’altruisme, de jeunesse, ou comme l’écrivait Edmond Rostand, de panache.

L’approche des valeurs par la finalité opérationnelle

« Forger aujourd’hui les chefs de demain, aptes à commander leurs subordonnés, dans les combats les plus rudes. » Telle est la mission de l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (AMSCC). Elle s’applique logiquement par subsidiarité à la scolarité de l’ESM qui se nourrit des finalités opérationnelles pour construire non seulement les activités militaires les mieux adaptées mais également les apprentissages fondant le diplôme d’enseignement supérieur associé à la scolarité (diplôme d’ingénieur ou de master).

La finalité opérationnelle tient donc une place centrale dans l’enseignement des valeurs qui fondent l’officier. La scolarité d’ingénieur comme celle du domaine des sciences humaines sont résolument tournées vers la compréhension de la conflictualité actuelle et des facteurs décisifs à tout engagement armé. 

La transmission des traditions offre également un moment privilégié de réflexion sur les valeurs pérennes du commandement en particulier par des séquences incluant des mises en perspectives historiques qui enrichissent la culture générale et éclairent les situations au sein desquelles l’officier sera prêt à agir.

L’officier saint-cyrien, lorsqu’il rejoint les divisions d’application des différentes écoles armes, dispose d’un ensemble de valeurs développées au cours des trois ans de scolarité. En plus de ses connaissances académiques et militaires acquises, il aura fait siennes les valeurs personnelles et collectives appréhendées à travers l’exemple, la cohésion, l’exigence et la difficulté d’une scolarité difficile.

Le saviez-vous ?

L’École spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr, fondée par Napoléon en 1802 et implantée à Coëtquidan depuis 1945, est une des trois écoles de formation initiale des officiers de l’armée de Terre aux côtés de l’École militaire interarmes (EMIA) et de l’École militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC).

Incarner les forces morales sur le terrain

L’École nationale des sous-officiers d’active est une école de commandement qui forme des chefs, aptes à occuper le postes de chef de groupe, de sous-officiers adjoints ou de chef de section. Référence en termes de pédagogie, elle prend à cœur de transmettre les valeurs de l’armée de Terre au travers de ses formations. Du terrain jusqu’à la cérémonie de remise de galons, le parcours du sous-officier est marqué par l’éthique militaire.

Sur la place d’armes de l’École nationale des sous-officiers d’active (ENSOA), la maison mère de cette catégorie de l’armée de Terre, les élèves de la 366e promotion sont au garde-à-vous, positionnés en forme de chevron. Face à eux, dans les tribunes, leurs proches suivent la cérémonie, attentifs. 

Brisant un silence solennel, le général de corps d’armée Pierre-Joseph Givre, directeur du service national et de la jeunesse, prend la parole : « Engagés volontaires sous-officiers de la promotion “adjudant-chef Pican ”, dans quelques instants vous allez recevoir vos galons de sergent des mains de vos parrains. Cette cérémonie militaire marque l’ultime étape de votre parcours d’intégration dans le corps des sous-officiers de l’armée de Terre, dont vous serez la colonne vertébrale ».

 Quelques minutes plus tard, les parrains des élèves s’avancent vers les deux compagnies du bataillon pour apposer le galon mérité sur les deux manches de leurs vestes. En observant ces nouveaux gradés , la solennité de l’instant est palpable.

« Avoir l’adjudant-chef Pican comme référence, au parcours inspirant, nous a poussés au cours des étapes de la formation à toujours nous dépasser et à ne pas abandonner, témoigne le jeune sergent Hugo, major de la promotion. Les valeurs, qui nous ont guidés pendant notre scolarité à l’École nationale des sous-officiers d’active, doivent être notre fil d’Ariane pendant notre carrière et notre vie. »

« Une pédagogie novatrice »

Instructions, exercices sur le terrain, stages d’immersion en corps de troupe, d’aguerrissement ou encore traditions, sont autant d’activités effectuées pendant la formation initiale de ces sous-officiers issus du recrutement direct. Ces 8 mois les ont forgés sur les plans physique, moral et intellectuel, pour leurs futures fonctions. Ils ont acquis des fondements éthiques pour être aptes à commander et à instruire un groupe d’une dizaine de soldats.

Pour s’imprégner de ces valeurs, les élèves ont bénéficié, comme les autres promotions, d’une pédagogie novatrice caractéristique de l’ENSOA, portée par les membres de la formation au commandement et à la pédagogie militaire (FCPM). Ces derniers sont les garants de l’enseignement délivré par les cadres de contact. « Nous concevons les cours et avons un rôle de référent auprès des cadres. Nous sommes aussi un laboratoire dans la pédagogie militaire pour les autres écoles et centres de formation », explique le capitaine Julien, chef de la FCPM.

L’ENSOA représente le creuset du sous-officier de l’armée de Terre. Elle donne un “fond de sac” aux futurs sergents grâce à la modernisation des méthodes pédagogiques. Par exemple, pour pallier la baisse de l’attention durant les cours, des formes de ludo-pédagogie sont proposées au travers de jeux. La FCPM propose aussi des systèmes de cours à distance et de pédagogie inversée, 3 outils que les formateurs peuvent utiliser lors de leurs enseignements.

« Mettre en situation »

Sur le camp d’Avon, la 371e promotion de sous-officiers semi-directs s’entraîne sur un exercice de mise en situation de niveau chef de groupe : « Aujourd’hui, l’exercice porte sur une mission particulière qu’ils ont étudiée en amont », présente le sergent-chef Can, l’un des cadres. Pour transmettre les valeurs, les formateurs s’appuient sur des codes, des textes communs à toutes les armes et sur leur méthodologie d’évaluation sur le terrain. L’objectif de cette session est de reconnaître l’emplacement où sont cachées des armes.

Encadrés par le formateur, deux élèves sont évalués sur leur manière de présenter leur “caisse à sable” et de commander leur groupe. Le sergent-chef analyse scrupuleusement la façon d’agir des futurs sous-officiers. À l’issue, il leur demande une auto-critique avant de leur partager son analyse, un retour indispensable pour eux. « L’expertise de nos cadres nous enrichit. Ils nous délivrent leur savoir-faire et nous exposent différentes méthodes de travail », indique l’élève sous-officier Guillaume.

« Ce qu’ils nous enseignent, nous pourrons l’inculquer ensuite. C’est comme un passage de flambeau », ajoute sa camarade Lucie. Quelle que soit leur thématique, les entraînements permettent d’incarner les valeurs sur le terrain, en mettant en situation les enseignements. « Lorsque nous sommes en exercice ou en mode dégradé, nous nous raccrochons aux valeurs pour agir. Il faut donc qu’elles soient profondément ancrées », conclut le chef de la FCPM.

« La brique de base »

Commissaire aux sports militaires et commandant du Centre national des sports de la Défense, le général Paul Sanzey détaille l’importance des activités sportives militaires dans la formation physique et morale des combattants.

Le sport dans les armées revêt une importance majeure. Il prépare les soldats en formation initiale au poids des équipements, à l’aguerrissement nécessaire ; tout au long de la carrière, il permet d’absorber l’enchaînement des activités opérationnelles et facilite la récupération active. Au fond, il permet d’entretenir corps et esprit, favorise la discipline personnelle et la maîtrise de soi.

Il faut distinguer l’entraînement physique, qui prépare directement aux opérations, et le sport en tant que détente (nécessaire) ou même compétition. Le premier constitue la “brique de base” sur laquelle peuvent s’agréger les compétences du soldat, techniques ou tactiques, pour faire face à la réalité du combat. Le second est un savoir-faire qui se métabolise (en principe !) en savoir-être, c’est-à-dire en une saine habitude qui nous fait pratiquer le sport, même quand le temps vient à manquer.

Les besoins des armées dictent continuellement une recherche d’équilibre entre ces deux dimensions, variable selon les époques et les unités. Ainsi, pour l’échéance des Jeux en 2024, les armées ont fait un effort substantiel sur le sport de haut niveau en portant à 224 le nombre d’athlètes de haut niveau recrutés au bataillon de Joinville, dont 118 pour la seule armée de Terre.

« Nourrir la confiance collective »

Le rôle du CNSD n’est pas d’être un gardien du temple lointain ou de monopoliser la parole sur les sujets du sport militaire, mais plutôt d’évaluer les forces et faiblesses de la jeune génération qui nous rejoint, d’analyser et de diffuser les bonnes pratiques ou les signaux faibles, d’éviter les effets de mode (nombreux sur Internet) pour préserver les armées dans leur capacité opérationnelle. 

Il s’agit d’anticipation, appuyée sur les connaissances du Service de santé des armées, le dialogue avec les fédérations, avec le monde du handicap pour aider nos blessés à se reconstruire, avec des spécialistes de la nutrition, du sommeil, de la gestion du stress...

Les 1 000 spécialistes d’entraînement physique militaire et sportif formés chaque année à l’École interarmées des sports et à l’École militaire d’équitation, ont ensuite à transmettre dans les unités aux 350 000 militaires des trois armées et de la Gendarmerie nationale. L’entraînement physique cultive l’esprit d’équipe et la détermination à aller au bout de la mission. Au quotidien, cet état d’esprit nourrit la confiance collective.

Celle-ci autorise toutes les audaces. Lorsque vous avez confiance en votre équipe et en vos capacités, vous pouvez vous dépasser. C’est une réalité vécue, sur les terrains de sport comme en mission. C’est pourquoi le sport en général et l’entraînement physique en particulier sont essentiels pour l’armée de Terre. Ils soutiennent non seulement la résistance physique, mais surtout la cohésion du groupe, le mental et la volonté collective. »

Grégory, combattant professionnel de MMA

Figure emblématique des sports de combat en France, GregMMA établit modestement un parallèle entre son univers et celui des armes. Insistant sur le travail et l’entraînement, ses propos expriment toute la considération qu’il porte aux soldats de l’armée de Terre.

Lorsqu’il était enfant, il s’interrogeait sur les attitudes martiales des militaires dans un contexte sportif. Aujourd’hui, Grégory Bouchelaghem, plus connu sous le nom de GregMMA, a trouvé ses réponses. Ce combattant professionnel d’arts martiaux mixtes (MMA) est aussi entraîneur et Youtubeur spécialisé dans les sports de combat. Pionnier français du MMA, il s’épanouit dans l’apprentissage et la découverte de nouvelles disciplines.

Avide d’expériences, il a réalisé plusieurs vidéos en lien avec l’armée de Terre, dont la première, à plus de 3 millions de vues. Pour celle-ci, il s’est rendu au 1er régiment étranger à Aubagne pour affronter le major Gérald. Il découvre ainsi les soldats qu’il décrit comme : « Des amoureux de l’action, courageux face au danger, qui savent apprécier le dépassement de soi ». Confronté aux techniques d’intervention opérationnelles rapprochées (Tior), Grégory salue aussi la polyvalence de cette méthode militaire : « Pour moi le MMA c’est le sport de l’adaptabilité et le Tior, c’est encore un cran au-dessus ».

« Du travail naît la rigueur »

« Il n’y a rien de grandiose qui naisse sans travail », témoigne l’actuel combattant de “l’Hexagone MMA. Du travail naît la rigueur et la constance, des valeurs que GregMMA a observées lorsqu’il venait en régiment tourner ses vidéos. Un autre point lui a sauté aux yeux chez les soldats : l’importance qu’ils accordent au drill, cette pratique visant à répéter un geste ou une manœuvre pour acquérir des automatismes individuels et collectifs au combat. « Être capable de refaire des mouvements parfois fastidieux permet d’atteindre l’excellence », explique-t-il.

Pour lui, la réussite individuelle repose sur les connaissances des générations précédentes : « Nous sommes de tout petits juchés sur les épaules de géants », ajoute-t-il. Les plus gradés enseignent et transmettent leur savoir. S’il dresse de nombreux parallèles entre sport et armée de Terre, Grégory admire l’engagement des soldats qui sont prêts à se sacrifier pour  une cause supérieure. Évoquant les deux guerres mondiales, il soutient « qu’il faut remercier et honorer ces soldats qui ont pris les armes pour la liberté de notre nation ».