Les Rencontres militaires, blessures et sports
Texte : Tanguy de Maleissye
Publié le : 16/09/2025.
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Dans le Cher, en mai dernier, une vingtaine de blessés ont participé aux Rencontres militaires, blessures et sports, coordonnées par la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre. Ils ont découvert pendant une semaine des activités sportives variées. Porte ouverte vers l’avenir, ce stage marque la première étape d’un parcours de reconstruction. Quand chaque mouvement ou décision devient un effort, le sport redevient un moyen de reprendre possession de son corps… et de soi.
Mercredi, 9 heures
Équipé d’une bouteille de plongée, un stagiaire est accompagné par un encadrant pour un parcours aquatique. Un défi pour ce blessé qui doit maîtriser sa respiration dans l’eau, un milieu oppressant et silencieux isolé du monde terrestre.
« Peu après une blessure physique ou psychologique, le militaire éprouve des difficultés à reprendre le sport, explique le lieutenant-colonel Benoît, chef de la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre et responsable du stage. Les Rencontres militaires, blessures et sports, coordonnées par la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre (CABAT) sont l’occasion pour eux d’adapter une activité qu’ils pratiquaient avant leur blessure. »
13 heures
Depuis le premier jour, les stagiaires pratiquent diverses activités : rugby en fauteuil, équitation, boccia (variation de la pétanque), frisbee… « Chacun peut découvrir un sport qui lui permettra de reprendre confiance en lui, présente l’adjudant-chef Eddy, du département blessés militaires et sport du Centre national des sports de la Défense. Rien n’est obligatoire, il faut qu’ils redécouvrent le plaisir de se dépenser. »
Dans le centre d’accueil, les moniteurs présentent toutes les possibilités sportives réalisables lors de stages spécifiques, les emmenant pour certains jusqu’à des championnats nationaux et internationaux (Jeux paralympiques, Invictus games).
15 heures
Les cinq pensionnaires de l’Institution nationale des Invalides visitent un planétarium, accompagnés par une équipe de médecins, aides-soignants, infirmiers et d’auxiliaires sanitaires. Sous la coupole, l’ambiance est familiale. Ils mettent de côté leurs contraintes physiques et nouent des liens.
« Personne ne se connaissait au début du stage. Très vite, nous avons partagé nos difficultés à garder une vie sociale et rythmée. Nous sommes devenus complices, décrit Loïc, blessé. Je me sens comme tout le monde ici. »
19 heures
En début de soirée, le groupe s’affronte lors d’un tournoi de pétanque. Sur le boulodrome, les stagiaires, de différents niveaux, se rencontrent avec amusement et esprit de compétition.
Entre les rires, les exclamations et les discussions, ils renouent progressivement avec l’institution : c’est aussi pour eux l’occasion de rencontrer leur référent qui les assistera tout au long de leur parcours de reconstruction. Au sein de la CABAT, chaque référent accompagne entre 80 et 100 blessés. Ils suivent chacun d’entre eux pour faciliter leur réinsertion dans la vie civile ou la reprise d’une activité au sein de l’institution.
Vendredi, 8 heures
Des cris résonnent à la lisière du bois. Tous encouragent un participant qui s’élance à vélo pour traverser un cours d’eau. Le courant exige, pour tous les courageux volontaires, excellent sens de l’équilibre et puissant coup de pédale.
« Le sport est un outil de dépassement de soi indispensable pour les blessés dans la réappropriation de leur corps et de leur esprit, souligne le chef du stage. C’est l’entrée pour reprendre confiance en soi. »
14 heures
Sur les pistes, les karts fusent. Même à travers leur casque, on devine le large sourire rayonnant des blessés, installés en binôme dans les véhicules. Entre le souffle de la course, les secousses dans les virages et le vrombissement des moteurs, ils retrouvent des sensations de vitesse.
« Ces activités “accidentogènes” leur permettent de retrouver progressivement la mesure du risque et de leur montrer qu’il est possible de pratiquer de nombreux sports adaptés aux handicaps », reprend l’adjudant-chef Eddy.
18 heures
En fin de journée, les stagiaires, fatigués s’allongent sur l’herbe pour suivre une séance d’optimisation des ressources physiques de l’armée. Pour beaucoup, en situation de syndrome post-traumatique, les images de leur accident occupent sans arrêt leur esprit, ils peinent à dormir et à faire le vide.
« Respirez lentement, sentez votre corps dans votre position, ressentez chaque vibration, chaque son… » invite Camille, instructrice d’entraînement physique militaire et sportif. Ces exercices, qui d’une certaine manière s’apparentent à de la relaxation, offrent à ces stagiaires un moment d’apaisement.