Capitaine Sabrina, une vie au triple galop
Texte : Adjudant-chef Anthony Thomas-Trophime
Publié le : 16/09/2025.
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Adolescente, Sabrina ne s’imaginait pas vivre une carrière aussi riche d’expériences. Et pourtant, c’est dans l’Institution qu’elle a révélé tout son potentiel. Ancienne sous-officier en unité d’infanterie, elle rejoint ensuite le corps des officiers dans le domaine de la gestion des ressources humaines. Aujourd’hui la capitaine s’apprête à relever un nouveau défi cher à son cœur dans le monde équestre militaire.
Au trot comme au galop, la capitaine Sabrina dirige avec aisance sa jument Kerguelen, dans le manège de l’école militaire d’équitation de Fontainebleau. Chevauchant dans la poussière éclairée d’un halo de lumière, la cavalière rayonne de bonheur. « C’est une chance d'associer son métier à sa passion », livre-t-elle.
Dans la vie comme à cheval, la jeune femme a pris très tôt, les rênes de son destin. Née à Lagny-sur-Marne, Sabrina n'a pas eu une enfance facile. À 18 ans, elle obtient son baccalauréat et doit subvenir à ses besoins en enchaînant les emplois dans des fast-foods et des usines. Une expérience précoce qui forge un caractère solide et une éthique de travail inébranlable.
Engagée à 21 ans, comme sous-officier transmetteur, elle devient gestionnaire des ressources humaines. L’officier de 37 ans est en passe de devenir le nouvel adjoint de l’écuyer en chef du manège de l’École militaire de Paris. Son parcours éclectique illustre à merveille la diversité des voies qu'offre l'armée de Terre.
Un sport vivant
Major de sa filière lors de sa formation initiale à Saint Maixent, la jeune sergent choisit de servir au 1er régiment d’infanterie. « Une affectation qui m’a construite en tant que militaire. » Elle se souvient du premier jour : « Un de mes chefs m’avait demandé de le regarder droit dans les yeux quand je le saluais. C’est le genre de leçon que l’on garde à vie ».
Avec son unité, elle est projetée en Afghanistan en 2011 puis à Djibouti en 2013. Elle aspire à plus de responsabilités et s’inscrit au concours officier de l’École militaire interarmes ainsi qu'à celui du corps technique et administratif qu’elle réussit tous deux en 2014. C’est durant sa formation d’officier qu’elle découvre sa passion pour l’équitation, « un sport vivant ».
Examens en poche, elle s’oriente dans le domaine de la gestion des ressources humaines. Une spécialité qu'elle apprécie beaucoup. « La RH est un métier où il faut être juste, prendre du recul et combiner les aspirations des uns et les besoins de l'organisation », explique-t-elle. Pendant huit ans, Sabrina évolue dans ce domaine, et monte en compétences.
D’abord au GSBdD de Valence, puis au 6e régiment du génie et enfin à l'École du génie. Durant cette période, elle est de nouveau projetée à Djibouti en 2017 et en Irak en 2019. Même si sa carrière est au beau fixe, l'équitation occupe une place centrale dans sa vie. Les concours de sauts d’obstacles militaires et civils rythment nombre de ses weekends. « Je ne pensais plus qu'à ça. J'ai donc passé des agréments techniques et demandé une réorientation à la DRHAT. » Elle suit actuellement une formation de huit mois pour obtenir le diplôme de moniteur, indispensable pour travailler dans la filière équestre.
Les choix, les épreuves, les rencontres
La vie des écuries n’est pas de tout repos. Sabrina souligne l'importance de la préparation physique et mentale et de l’investissement qu’impose cette discipline. « Il faut être prête à tout, affronter les intempéries et les longues journées de travail, y compris les weekends. Mais quand vous réussissez à franchir un obstacle ou à maîtriser une nouvelle technique, la satisfaction est immense. » Elle reconnaît que cette année de formation débutée en septembre 2024 est très éprouvante.
Pacsée et mère d'un enfant de 4 ans, Sabrina jongle entre sa carrière exigeante et ses responsabilités familiales. Mais elle reste confiante et motivée grâce au soutien de son conjoint, lui aussi capitaine. « Il garde notre fils et s'occupe de tout à la maison afin que je puisse vivre mon rêve », dit-elle avec gratitude. Les rôles vont s’inverser lorsqu'elle rejoindra la section équestre de l’École militaire de Paris. Un défi qu'elle aborde avec enthousiasme et une volonté de fer.
Son parcours démontre qu'avec du travail et de la passion, on peut surmonter les épreuves et réaliser ses projets. Elle encourage les jeunes militaires à prendre leur carrière en main, à se renseigner et à se préparer pour atteindre leurs objectifs. « Il faut se donner les moyens, ne pas attendre que les choses tombent du ciel », conseille-t-elle. Cette interview l’a amenée à faire sa propre introspection. Les choix, les épreuves, les rencontres… Plongée dans son passé, elle réalise le chemin parcouru. « Mon avenir était incertain, mais l'armée de Terre m’en a construit un. »