Commandant André (R) , bâtisseur du bout du monde
Texte : Aspirant Emilien Lamadie
Publié le : 16/09/2025.
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À plus de mille kilomètres de Papeete, capitale de la Polynésie française, Hao est un atoll complètement isolé, de l’archipel des Tuamotu. C’est pourtant ici que s’implantera bientôt la quatrième compagnie du Régiment du service militaire adapté. Un challenge rendu possible grâce au commandant® André, architecte depuis plus de vingt-cinq ans.
« Dessiner les plans d’une compagnie totalement écoresponsable sur l’îlot de Hao a été l’un des défis les plus difficiles de ma carrière d’architecte. J’ai exploité les ressources et méthodes de construction locales pour concevoir les plans et tenir les délais de construction. La livraison des bâtiments est prévue fin 2028.
À des milliers de kilomètres d’une grande ville, la difficulté principale résidait dans l’accès aux ressources. J’ai limité l’utilisation du béton : l’atoll, une île en forme d’anneau constituée de récifs coralliens, ne possédant ni sable ni eau, il aurait fallu l’importer par barge. Les charpentes et façades seront donc en majorité construites en bois.
Grâce à la récupération de l’eau de pluie, l’irrigation des cultures, le fonctionnement des douches et sanitaires sera assuré. En effet, 3 000 mètres carrés de terrain seront occupés par un potager et un verger avec des arbres fruitiers pour nourrir la compagnie.
J’ai également implanté des panneaux photovoltaïques sur les toitures afin de produire de l’électricité. En complément, des panneaux solaires thermiques permettront de chauffer l’eau. Tout est conçu pour offrir aux constructions une quasi autosuffisance en énergie. De ce fait, on réduit à la fois l’impact environnemental et le coût.
Cohérent avec l'environnement
Plus jeune, je souhaitais intégrer l’armée, mais la vie m’a finalement orienté vers une carrière d’architecte. Quand le régiment du service militaire adapté (RSMA) m’a contacté pour ce projet, je n’ai pas hésité. Je me suis engagé dans la réserve. Cela m'a permis de rejoindre Hao : cette immersion était nécessaire pour proposer un projet cohérent avec l'environnement. Cette expérience a influencé ma façon de penser. Par exemple certaines toitures seront recouvertes de nattes de niau, des palmes plongées dans l'eau de mer et tressées, manufacturées par des habitants afin d’assurer la pérennité des bâtiments.
En cas de crise, des installations d’épuration d’eau salée et des systèmes de recyclage de déchets, habituellement réservés à la compagnie, pourront être utilisés par la population. Nous prévoyons également d’installer un ʺécolodgeʺ sur le lagon aux abords du régiment. Ceci permettra d’instruire les volontaires sur l’hôtellerie de luxe présente en Polynésie.
Pensées pour réduire leur impact sur l’environnement, ces suites fonctionnent en collaboration avec les services de restauration et d’agriculture du RSMA et fourniront un service complet aux futurs voyageurs. Tout a été pensé pour assurer l’autonomie de la compagnie. »