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Préparer au choc

Texte : Adjudant-chef Anthony Thomas-Trophime

Publié le : 16/09/2025.

Après des années d’engagement dans des conflits asymétriques, l’armée de Terre doit à nouveau savoir faire face à un adversaire à parité. À l'image du boxeur passant de la catégorie des poids moyens à celle des poids lourds, le combattant s’adapte par des entraînements plus exigeants. Dans cette perspective, l’armée renforce sa préparation opérationnelle en misant sur le réalisme et le changement d’échelle. Comme en boxe, c’est bien avant la cloche que se joue la victoire. Cette montée en gamme, portée par la Loi de programmation militaire, s'appuie à la fois sur des standards opérationnels actualisés, des infrastructures et des méthodes modernes et la multiplication d’exercices à grande échelle. À la simulation, désormais incontournable, s’ajoutent des entraînements toujours plus poussés. La haute intensité ne se limite pas à la brutalité des feux et à la protection des forces. Elle exige aussi une conception rapide des opérations, une gestion efficace du renseignement et une capacité de décision dans un tempo en constante accélération. Dans ce contexte, la capacité à tenir dans la durée face à un ennemi déterminé épaule directement la dissuasion. Car si l’arme nucléaire prévient la montée aux extrêmes, c’est bien la posture conventionnelle, incarnée en grande partie par l’armée de Terre, qui limite la violence des affrontements.

Encaisser le choc

En rehaussant sa préparation, l’armée de Terre se prépare à affronter le choc d’un engagement majeur. Un changement d’échelle qui repose sur des standards opérationnels adaptés à la diversité des conflits permettant de générer de grandes unités interarmes cohérentes et prêtes à l’engagement.

Dans un contexte stratégique toujours plus radical, la capacité des forces armées à inspirer la crainte, est plus que jamais indispensable. La préparation opérationnelle en est la clé. L’armée de Terre l’a ainsi durcie, du groupe de combat au corps d'armée, en passant par les régiments, les brigades et les divisions. Elle se structure désormais autour d'un modèle adapté à l’ensemble du spectre de conflictualité incluant protection du territoire national, gestion de crise et combats hybrides de haute intensité.

Celui-ci se décline en trois standards opérationnels (SO), chacun représentant un niveau minimal de préparation visant à mesurer l'aptitude à l'engagement des unités. Ces dernières doivent adapter leurs activités en fonction des circonstances et des besoins opérationnels, sans se limiter à une lecture rigide des SO. Leur élaboration et leur suivi sont du ressort du Commandement des forces des opérations terrestres (CFOT).

Le cycle annuel d’entraînement piloté par le CFOT permet l’atteinte de ces SO dans le cadre de la ʺpréparation opérationnelle de combatʺ, centrée de plus en plus sur le niveau des brigades. Ils sont conçus sur la base de plusieurs critères : des évolutions des équipements et des infrastructures d’entraînement, les retours d’expérience, les besoins du contrat opérationnel et les objectifs fixés comme celui de disposer d’une division projetable en trente jours en 2027 puis relevables en soixante jours en 2030.

Capitaliser sur l’expérience

Le premier standard, le SO1, dédié à la préparation opérationnelle dite « métier », s’atteint par un entraînement conduit au sein des régiments. Sa préparation, son contrôle et sa validation sont de la responsabilité du chef de corps.

Le SO1 définit un seuil de savoir-faire individuels et collectifs des combattants dans leur fonction opérationnelle. Cela inclut la maîtrise des fondamentaux : tir, aguerrissement, maîtrise de son système d’armes (canon Caesar, équipage VBCI, emploi du pont flottant motorisé, exploitation de réseaux d’appui au commandement, etc.). 

Le SO1 correspond aux compétences socle nécessaires à toute mission, et indispensables pour monter en gamme dans la préparation opérationnelle. 

Le SO2, placé sous la responsabilité d’un commandant de brigade, est axé sur le combat interarmes, l’engagement sur le territoire national et la gestion de crise à l'étranger. 

Il se divise en deux sous-catégories : le SO2A correspond au niveau atteint en fin de préparation après vérification d’aptitude à la projection. Le SO2B valorise l’expérience acquise au retour de projection. 

Enfin, le SO3 est axé sur la haute intensité. Placé sous la responsabilité du CFOT et des commandants de division, il représente le niveau le plus élevé de la préparation opérationnelle, permettant aux unités de faire face à des engagements majeurs en interalliés face à un ennemi à parité dans un contexte multi-champs (informationnel et électromagnétique) et multi-milieux (terre, mer, air,espace et cyber). 

Le SO3 est conçu pour répondre aux défis de la guerre moderne, potentiellement longue avec une nécessité de résilience et de régénération des forces. Comme pour le SO2, il existe une distinction entre le SO3A en fin de préparation et le SO3B au retour de projection. 

Toutes les occasions sont bonnes pour valider ces modules : il est crucial de capitaliser sur l'expérience acquise lors des grands exercices en France, à l’étranger et lors des projections.

« Forger l’outil de combat »

Organisé par le 92e régiment d'infanterie, l'exercice Gergovie s'est déroulé en juin dernier dans les départements du Puy-de-Dôme et de l'Allier. Destiné à entraîner le régiment aux combats de haute intensité et à la gestion de crise, dans un environnement interarmes, interarmées, interalliés et interservices , sa réussite a reposé sur une préparation opérationnelle métier aboutie.

Depuis les berges de l'Allier, à Vichy, quelques promeneurs assistent avec surprise et admiration à une activité inhabituelle. Évoluant parmi les péniches et les rameurs, des véhicules militaires, dont des VBCI, traversent le fleuve à bord d'engins de franchissement de l'avant du 6e régiment du génie. Cette action intervient au troisième jour de l'exercice Gergovie, organisé par le 92e régiment d'infanterie du 10 au 14 juin.

Au total, 400 militaires et 50 véhicules blindés ont été mobilisés entre les départements du Puy-de-Dôme et de l'Allier. Pour le chef de corps, le colonel Louis-Marie Levacher, l'objectif est l’entretien du niveau opérationnel de son unité, en ciblant le travail sur les postes de commandement de niveau compagnie et régimentaire dans un environnement interarmes, interarmées et interservices.

Le programme comportait une première phase de haute intensité avec des actions offensives et défensives face à un ennemi de même niveau, suivie d'un scénario de gestion de crise en coopération avec la Gendarmerie nationale.

Cet exercice a aussi été l’opportunité pour l’unité de mener des expérimentations autour de l’hybridation des réseaux de communication ou encore de l’emploi tactique de motos et de drones. Les chefs de corps disposent aujourd’hui des leviers pour planifier et conduire ce type de manœuvres.

Maîtrise des fondamentaux

L'exercice s'est déroulé en terrain libre, d'abord dans le bassin auvergnat, puis vers l'Allier, espace de manœuvre nouveau pour les fantassins.  « Je n’aurais pas pris le risque de déployer mes soldats en milieu civil s’ils n’avaient pas été prêts. Un pilote de blindé doit par exemple être capable de circuler au milieu de voitures sans causer de dommage, souligne le colonel Levacher. La réussite de Gergovie repose sur une préparation opérationnelle métier aboutie»

D’autant plus que l'exercice intervient dans une période chargée en activités. Deux tiers des effectifs du régiment sont projetés : Irak, Martinique ou encore Émirats arabes unis. Une prise de risque calculée. Maîtrise des fondamentaux du combattant, entretien des compétences techniques des systèmes d'armes ou du milieu (amphibie, parachutistes, montagne).

La préparation opérationnelle métier (POM) rythme le quotidien de toutes les unités de l'armée de Terre. Sa mise en œuvre et son contrôle sont sous la responsabilité des chefs de corps. Sanctionnée par l’attribution du standard opérationnel N°1 (S01), elle constitue le socle de la préparation opérationnelle des forces terrestres.

Pour le chef de corps, l’enjeu est aussi de capitaliser sur l'expérience opérationnelle acquise en projection. Les deux compagnies engagées dans l'exercice sont récemment rentrées de mission, l'une de Roumanie et l'autre de Guyane. Elles y ont acquis les standards opérationnels correspondant respectivement à la haute intensité (S03) et à la gestion de crise (SO2), des standards à maintenir par la suite.

« Pour coller au plus près de la réalité, nous avons travaillé la manœuvre des postes de commandement sur des élongations importantes, plusieurs dizaines de kilomètres, en gardant en permanence la liaison avec nos unités », explique-t-il. Cette manœuvre est aussi un moyen de mesurer la performance de son régiment. 

Présent sur les phases de combat, il est satisfait de la maîtrise des fondamentaux dont ont fait preuve ses fantassins, tant dans la qualité des ordres donnés que des comptes rendus transmis par radio.

S'il estime que Gergovie est un franc succès, il cherche les points à perfectionner en vue d'être prêt pour les prochains rendez-vous de leur préparation opérationnelle interarmes au sein des centres spécialisés.

Entraîneur et évaluateur, il est seul juge du niveau réel de son régiment. Une position qui demande du recul et de l'objectivité. « Il faut être honnête et réaliste sur nos capacités. La subsidiarité nous impose d'être prêts sur objectif. Au fond, c'est avant tout la vie de mes soldats dont il est question. »

Dans l’antichambre de la guerre

Pour asseoir leur supériorité sur le champ de bataille, les unités se préparent dans les conditions les plus réalistes possibles. Elles s’appuient sur des centres d’entraînement spécialisés, dédiés au combat interarmes. Réparties sur tout le territoire, ces infrastructures intègrent de nouveaux équipements à l’instar des drones.

Pour qu’une préparation opérationnelle soit optimale, elle doit coller aux réalités actuelles et futures et aux différents types de milieux (ville, montagne, etc.). Les forces terrestres disposent de plusieurs camps d’entraînement adaptés à leurs besoins. Implantés dans toute la France, ils sont commandés et coordonnés par le Commandement de l’entraînement du combat interarmes (Comecia).

Il est le spécialiste et le référent du combat interarmes des niveaux SGTIA et GTIA et désormais, brigade. Soit 6 500 hommes, dans les domaines du commandement, de la manœuvre et du tir. Il met à disposition des brigades, les centres pour l’entraînement et offre des possibilités uniques de mise en condition finale des unités avant leur projection en opération.

Le Comecia est responsable de dix centres d’entraînement spécialisés ( 94e RI (Cenzub),1er BCP (Centac), 51e RI (Capcia),1er RCA, 17e RA, 1er CHOC (CNEC), CECPC, camp de La Courtine, CEITO, GAM) , répartis en deux catégories : les espaces d’entraînement de niveau 2 (EEN 2) destinés aux manœuvres et tirs de niveau 6 (section ou peloton) et EEN 3 pour les niveaux SGTIA et GTIA.
 

Tous ces centres sont en pleine adaptation : les EEN2 passeront au niveau SGTIA et les EEN 3, à celui de GTIA. Plus imprévisibles et réalistes pour les entraînés, les exercices au Centac et au Cenzub sont adaptés aux savoir-faire et modes d’actions demandés par les brigades.

L’entraînement des capacités d’appui et de logistique se développe. « Nous accompagnons l’armée de Terre vers la haute intensité en adaptant les infrastructures pour les rendre plus cohérentes avec les contextes d’engagement. Nous avons, par exemple, créé un réseau de tranchées à Mourmelon », explique le lieutenant-colonel Sylvain, chef du bureau espace entraînement.

Le Comecia contribue aussi au développement et à l’expérimentation de la méthode d’entraînement au tir opérationnel de combat (Estoc). En responsabilisant les chefs de contact et en maîtrisant les risques, Estoc vise à rendre plus réaliste la manœuvre à tir réel en utilisant des zones d’évolutions tactiques permettant de s’affranchir des infrastructures de tir conventionnelles tout en gardant des gabarits de sécurité.

Emploi de robots cibles

L’accélération des progrès technologiques en matière d’armement constitue un autre enjeu majeur pour le Comecia, responsable de la modernisation des infrastructures. L’importance de la part prise dans les combats modernes par les drones, les munitions téléopérées, la lutte anti-drones, ou encore les frappes à longue distance, impose de concevoir de nouvelles techniques de combat.

La quinzaine d'experts du bureau espace d’entraînement a pour mission d'adapter les camps en ce sens. Dernière réalisation : l’aménagement d’un parcours de tir prévu pour le missile antichar de nouvelle génération, le missile moyenne portée (MMP). D’autres projets sont menés au Centre d’entraînement et d’instruction au tir opérationnel (CEITO) du Larzac avec l’emploi de robots cibles ou encore la création du complexe d’entraînement au combat en espace clos implanté au Cenzub.
 

 

La dronisation de l’armée de Terre n’est pas en reste. Suivant la maxime « Volez comme vous tirez », portée par le général Pierre Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre, un centre d’entraînement tactique drone a vu le jour à Mourmelon-le-Grand en avril dernier. Ce centre est destiné à rendre l'utilisation des drones aussi intuitive que le tir à l’arme de dotation.

Il forme les futurs télépilotes à la construction et à l'assemblage de drones FPV (First Person View), les acculture à la technologie drone et les entraîne au pilotage basique sur simulateur puis sur des missions tactiques complexes comme la destruction de cibles.

Évaluer les chefs

Au même titre que les unités, les postes de commandement des régiments, des brigades et des divisions sont évalués ou certifiés au terme de leur préparation opérationnelle. Cette appréciation est du ressort du centre d’entraînement et de contrôle des postes de commandement, un organisme légitime de par son expertise, son indépendance et son impartialité.

Dans le contexte actuel de montée des tensions géopolitiques et du retour de la guerre de haute intensité, l’évaluation des capacités des postes de commandement (PC) à conduire l’action est une priorité. Le Centre d’entraînement et de contrôle des postes de commandement (CECPC) du Comecia joue un rôle crucial dans cette mission.

Cet organisme est chargé de contrôler les PC de niveau régimentaire, brigade et divisions dans leur parcours de préparation opérationnelle, avant une projection ou une prise d’alerte. « Le CECPC a la particularité d’être objectif et impartial. Son expertise comme son indépendance concourent à sa crédibilité. Rares sont les armées qui disposent d’une entité comme celle-ci » affirme le colonel François, directeur de la cellule ʺentraînement de PCʺ du CECPC, réparti sur deux sites.

Une partie dédiée à la conception des exercices est située à Lille, co-localisée avec le CFOT, et une partie technique consacrée à la mise en œuvre des contrôles est implantée à Mailly-le-camp. Avec le changement d’échelle qu’impose la haute intensité, le centre se concentre davantage sur les exercices Auriges, c’est-à-dire l’évaluation des PC de brigades.

Un état-major ennemi rouge

Jeudi 19 juin, après avoir suivi le PC de la 1re division lors de l’exercice Otan Warfighter, le centre évalue cette fois-ci successivement, la 6e brigade légère blindée (6e BLB) et la 11e brigade parachutiste (11e BP), qui préparent chacune une échéance majeure. Avant la prise d’alerte ARF 26 (Allied Reaction Force, force d’alerte de l’Otan fournie à tour de rôle par les nations), la 6e BLB fait l’objet d’une certification Otan. Quant à la 11e BP, elle doit assurer en permanence une capacité d’intervention aéroportée. Chacune d’elles manœuvre sur des scénarios complexes.
 

Elles sont confrontées à un état-major rouge, soit une force adverse ennemie de même envergure, commandée par un général de division. La joute entre ces deux camps repose sur le logiciel de Simulation pour les opérations des unités interarmes et de la Logistique Terrestre (Soult). Ce système génère virtuellement des unités élémentaires qui manœuvrent de façon autonome conformément à la doctrine de l'armée de Terre.

Il produit les données nécessaires à l’analyse après action (données techniques, pertes…), en synthétisant pour chaque unité : compréhension de la mission et de l’environnement, prise de décision, élaboration et diffusion des ordres et contrôle de leur exécution. « On se concentre aussi sur le fonctionnement et l’organisation des PC sur le terrain, de la conduite des opérations à leur propre système de protection », ajoute le colonel Claude, contrôleur du CECPC.

Le centre regroupe des officiers et des sous-officiers expérimentés dont certains appartiennent à la réserve opérationnelle. La majorité d’entre eux a déjà servi dans des états-majors. 

« Au-delà de donner une idée claire du niveau de préparation opérationnelle des PC et de la mise en application de la doctrine, nous partageons notre expérience et conseillons les unités pour les aider à s'améliorer » souligne le colonel Jean-Loïc, chef de la division contrôle du CECPC.

L’évaluation des officiers généraux est complexe car plus le niveau de commandement est élevé, moins il est personnifié du fait de l’implication des états-majors. Il se fait en face à face avec un évaluateur de même grade et comprend des débriefings quotidiens et des analyses après action permettant une progression continue.

Le contrôle se conduit en s’appuyant sur des grilles d’évaluation en fonction des exercices et des unités. Pour répondre aux exigences de la haute intensité, le CECPC conçoit des scénarios incluant attaques de drones, intrusion réseau, menaces artillerie… des menaces typiques des guerres hybrides.

Il sera doté prochainement du simulateur Taran, un système de simulation plus performant taillé pour la haute intensité et la conduite d’exercices de plus grande ampleur tels qu’Orion 26.

Pour répondre au cadre otanien, les membres du CECPC ont suivi des formations pour certifier les unités au standard Combat Readiness Evaluation. Enfin, le centre forme les brigades pour qu'elles puissent contrôler leurs propres régiments lors d’exercices Antares.

Simuler n'est pas jouer

Les systèmes de simulation constituent des compléments indispensables aux capacités d’entraînement de l’armée de Terre en conditions réelles. Depuis plus de vingt ans, ils évoluent au gré des avancées technologiques et des besoins opérationnels. Toujours plus performants, ils constituent pour les unités détentrices un excellent moyen d’optimiser leur préparation opérationnelle.

Polyvalente, la simulation offre des outils essentiels à la formation et à la préparation opérationnelle des forces terrestres. Elle comporte deux volets : le premier, technique, se concentre sur les compétences spécifiques pour manipuler des équipements et des systèmes d’armes. Grâce à des simulateurs, il entraîne les servants et équipages dans un environnement virtuel reproduisant les conditions de mise en œuvre de systèmes d’armes de véhicules blindés ou d’aéronefs.

Le second volet porte sur la dimension tactique et vise à développer la réflexion à tous les niveaux de la chaîne de commandement. Les usagers manœuvrent face à un ennemi animé et réactif afin de travailler les procédures, la coordination ainsi que la rédaction et la diffusion rapide de comptes rendus ou d’ordres. À Mailly-le-camp par exemple, le CECPC emploie le logiciel de simulation Soult pour entraîner les PC de niveau 2 à 4.
 

 

S’entraîner en permanence

Si elle ne permet pas de représenter l’ensemble des difficultés du combat, la simulation offre tout de même de nombreux avantages. Elle limite les coûts d’entraînement et les besoins en ressources humaines et matérielles. Elle est disponible en permanence et permet aux unités de s’entraîner dans le cadre de leur régiment.

Enfin, elle génère des analyses et fournit des évaluations sur les performances individuelles et collectives des « joueurs », permettant d’identifier de façon précise les axes d’efforts à mener pour progresser.

« Ces systèmes offrent un environnement contrôlé dans lequel les soldats répètent les gestes techniques ou des phases de combat autant de fois que nécessaire, explique le lieutenant-colonel Christophe, chef de la division SIC-Simulation du commandement de l’entraînement au combat interarmes. Cela permet de réduire les erreurs et d’améliorer leur efficacité avant de participer à des exercices sur le terrain ou d’être projeté sur des missions réelles. »

Les chefs de corps disposent, dans leur régiment de spécialistes de la simulation chargés d’entretenir et de mettre à jour les systèmes. « En relation avec le bureau des opérations et d’instruction, ils sont en mesure de concevoir des exercices de qualité en élaborant des scénarios adaptés aux besoins spécifiques des unités. »

La simulation a évolué

Depuis plus de vingt ans, la simulation a évolué. Ainsi en 2022, le 94e régiment d’infanterie s’est doté du système instrumenté Cerbere, outil de nouvelle génération. Il suit et analyse la manœuvre des forces en milieu urbain grâce à une combinaison de géolocalisation et d’émetteurs/capteurs lasers, installés sur les armes et les véhicules.

Il amplifie le réalisme avec des animations visuelles, sonores et une force adverse reproduisant des scènes de combat avec un réalisme maximal. D’autre part, le logiciel Soult, utilisé pour le contrôle des postes de commandement de niveau régimentaire à brigade sera complété par le simulateur Taran capable de reproduire un environnement interarmées dans le but d’entraîner un corps d’armée.

Encore en développement, il permettra d’animer des exercices de plus grande ampleur avec des scénarios toujours plus complexes. Autre projet de l’armée de Terre, Sinetic, remplaçant du Sittal, est un simulateur de tir dernier cri où douze militaires, équipés d’une gamme renouvelée d’armement ALI et A/C, pourront être immergés dans un environnement virtuel réaliste.

Ces capacités modernisées offriront aux chefs comme aux soldats, de nouvelles solutions d’entraînement dans un environnement contrôlé où les erreurs seront identifiées et corrigées.